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Dessin unique et rare du PC RAC

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Tous nos remerciements au Maire de Thiviers Pierre Yves Couturier pour avoir eu la gentillesse de partager ce dessin unique et rare du PC RAC, conservé par son grand-père Pierre Couturier dit "Pierrot", opérateur radio et porte-drapeau de la brigade Rac / 5Oe R.I. 




Des petites histoires de Noël 1943

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Rédigé par Alan et Tony

Chers lecteurs et lectrices

Nous vous souhaitons de passer d'excellentes fêtes familiales, un joyeux Noël et une bonne et heureuse année 2O2O ainsi qu'à celles et ceux qui vous sont chers.



Des petites histoires de Noël

Chez Lautrette : Réveillon de Noël 1943

« Tac, tac... » ... « Tac, tac... », c’était sa façon de passer inaperçu quand Georges Lautrette « Eric » traversait Thiviers après le couvre‑feu, chaussé de ses gros sabots, sans lesquels il risquait toujours le « faux‑pas ».

Faites très attention, disait‑il, les Feldgendarmes patrouillent dans le patelin ; il ne s’agit pas de se faire repérer.

Il allait et venait, ainsi, pour voir Pierre, Paul ou Jacques, avec lesquels il prétendait avoir convenu d’importants entretiens.

Personne ne sut jamais où il se dirigeait et ce qu’il allait y faire. Il avait une manière à lui de s’engager et de se tirer d’affaire que nous ne pouvions comprendre ; celle du « terroir » sans aucun doute.

Sa grande satisfaction était de rentrer avec un « cadeau ». Quand il avait réussi un « coup », son visage s’illuminait, il s’esclaffait ; encore une bonne blague faite à l’occupant. Dans son garage de la route de Limoges et dans sa réserve située de l’autre côté de la voie ferrée il commit les pires « infractions » au régime. II avait une superbe réplique : T’inquiète..., ce qui devait suffire à vous rassurer.

Rac (Rodolphe Cézard), sa femme (Raquette) et Tom (Jean Nicard) se souviennent fort bien de ce réveillon de Noël 1943 où Andrée Lautrette avait mis les petits plats dans les grands, pour la famille et quelques amis.
Belle photo de Georges et
son épouse Andrée, née Cruveilhier.

A l’apéritif, lait de Montbazillac (que Georges allait chercher par petits barricous au nez et à la barbe des Allemands), le maître de maison donna des signes évidents d’impatience; il se trémoussait sur son siège, regardait sa montre, se grattait la tête... puis il se leva, descendit l’escalier, tira le rideau du garage, et l’on entendit la Simca prendre la route.

Où va‑t‑il encore ? ‑ On verra bien ; et l’assistance fit semblant d’oublier son absence.

Une heure plus tard, alors que les convives venaient d’attaquer le foie gras maison, Georges se faufila en silence et reprit sa place à table. Mais qu’as‑tu fait ?... on dirait que tu as le hoquet ? ‑ Ce, ce... ce n’est rien, une course urgente.

Nous étions à la fois sceptiques et inquiets : Mais encore ? Rac lui demanda un tête‑à‑tête de quelques instants : Alors? d’où viens‑tu ? ‑ Je viens... je viens de faire sauter la scierie de Corgnac. ‑ Tout seul ? ‑ Bien sûr !

Il but une gorgée, le hoquet se passa et la fête prit dès lors l’allure d’une victoire.

Il était bon et généreux, prêt à accomplir toutes les missions qui pouvaient se présenter. Il s’acquittait de ces tâches avec humour. Je crois même que, dans les moments les plus difficiles, il trouvait le temps pour rire, car il voyait les choses simples, très simplement, un atout majeur, qu’il n’est aisé de s’approprier.

Il avait tout offert à Rac, son amitié, son temps, sa famille, son foyer, sa situation. Il n'avait pas hésité à mettre sa parenté largement a contribution (à doueyras, aux Farges).

Il représente pour Rac, l’ami, le vrai, et la Résistance dans sa signification la plus sincère.


Chez la famille Duruisseau : L'arrivée d'un Anglais 

(D'après le récit de René Rispard, de Guy Berger et le témoignage du capitaine Jacques et de la famille Duruisseau.)


Jeudi 23 décembre 1943


Au début de la deuxième quinzaine de décembre un télégramme annonce à Jean-Louis (René Chabasse) l'arrivée d'un Anglais en gare d'Angoulême. Pasteur (Guy Berger) est chargé de l'accueillir : « Je m'attends, écrit-il, à recevoir un jeune homme et c'est un petit vieux tout décharné, malade, usé, qui debarque, conduit par une inconnue de Paris. Je suis quelque peu surpris et je l'emmène au Quéroy par le train. Comble de malheur il ne peut monter à bicyclette et je reste avec lui dans un bistrot en attendant le Batteur (Edmond Duruisseau), parti à la recherche d'une moto pour l'emmener. Nous buvons un viandox bien chaud ; des boches entrent. Mon client me regarde inquiet et je cligne de l'oeil pour le rassurer.


Le père Duruisseau, prévenu de l'arrivée d'un Anglais, l'attend avec fébrilité. Trompé sur son aspect et croyant avoir affaire à un compatriote, il lui offre un siège au coin de la cheminée et entame avec lui une conversation en français. Naturellement le père Duruisseau en fait tous les frais ; le monologue se poursuit un certain temps et l'interlocuteur prononce enfin quelques paroles... en anglais. Le père Duruisseau en reste bouche bée ; il est complètement abasourdi pendant quelques instants. Soudain il réalise qu'il a devant lui un hôte etranger et qu'il ne l'a pas reçu avec assez de chaleur et de politesses. Brusquement il se redresse et salue cérémonieusement ce « citoyen de la libre Angleterre » qui'il ne se représentait pas comme cela. Pourvu qu'il ne s'imagine pas que tous les habitants d'outre-Manche sont aussi mal fichus !


Le 31 mars 1944 - Forêt de Bois-Blanc (Charente)


Cet Anglais, Michael Patrick Mcpartland (surnommé Mitchell), officier de la marine marchande britannique avait été blessé et fait prisonnier. Il était parvenu à s'évader du Val-de-Grâce (hôpital militaire de
 Paris) avec la complicité de la soeur infirmière. Le pauvre diable était bien mal en point ; à 42 ans, il avait l'air d'un vieillard. Il avait eu la mâchoire brisée à coups de crosse et les doigts déformés par un sejour prolongé dans l'eau de l'Océan Atlantique, n'avaient plus s'ongles. Après l'escale à l' « hotel Duruisseau » il est acheminé sur le refuge de Matignon par Blaireau (René Rispard), promu hôte du visiteur.


Nous partons tard pour Matignon, avec un impressionnant matériel de cuisine. Il fait très froid et c'est en sueur que nous arrivons enfin au milieu des bois à notre domicile où une flambée egaieun peula pièce sombre meublée de deux lits. Dans le logement contigu habite un pauvre vieux dont la femme, complètement folle, suffit à rompre la monotonie du secteur. Parfois en pleine nuit, elle se met à taper sur ma porte avec un marteau et à chanter à tue-tête au grand effroi de Mitchell. »


« Le soir de Noël, Mitchell étant mal en point j'ai (écrit René Rispard) fait prévenir le Dr Bigois, Résistant expulsé de la Rochelle, demeurant à Sers. Il est venu en vélo au « Ranch » , c'est le nom que nous avons donné à notre refuge. Ce soir-là nous avons fait un bon réveillon, grâce aux talents culinaires du Batteur. Mitchell, dont l'indisposition était due surtout aux trop grandes libations de la journée, fit lui aussi honneur au menu pendant que la radio nous dispensait des flots de musique.


Soudain on entend un discours en Anglais. Mitchell se dresse au garde à vous.

« Qu'y a-t-il Mitchell ? »
Il nous fait signe de nous lever :
« Le King message Christmas, Britanniques troupes. »
Il ne se remet à table que lorsque le roi a terminé son discours.

Montlieu La Garde - Cérémonie le 31 décembre 2019

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Le Mardi 31 décembre 2O19
La famille de Madame BOURDEJEAU vous convie à la cérémonie religieuse à l'église de Saint Vivien à 1OhOO
Nicolas MORASSUTTI, Maire de Montlieu La Garde,
Adonis MICHONNEAU, Conseiller Municipal, délégué en charge des questions de Défense,
Les Membres du Conseil Municipal,
Les représentants de la Section Cantonale du Souvenir Français,
Vous prient de bien vouloir prendre part aux cérémonies commémoratives du combat aérien de St Vivien.
Hommage aux disparus au cimetière de Saint Vivien à 11hOO,
au monument aux morts des Américains à 11h2O,
suivi d'un verre de l'amitié à la salle de motricité à l'école Grains de Sable à 11h45

Cérémonie de 2O18 (lien)

75 ans après : Pechbonnieu, village résistant révélé

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194O : Pechbonnieu est un village de 4OO âmes à une vingtaine de kilomètres au Nord de Toulouse. C'est chez une famille de cette bourgade que, jusqu'à la fin de la guerre sans discontinuer, des Juifs (enfants et adultes), des réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire), des résistants, des parachutistes anglais et même des déserteurs de l'armée nazie vont trouver refuge pour une nuit ou plusieurs mois. Dans cette maison, on rédigeait et imprimait des tracts, on préparait des transferts vers l'Espagne, on soignait les clandestins malades ou blessés, exerçait des opérations de messagerie, procurait de vrais-faux papiers, Edgar Morin et Clara Malraux organisaient le MRPGD (Mouvement de Résistance des Prisonniers de Guerre et Déportés) en région toulousaine. 

Cette famille, les Robène, composée du père, Lucien, de la mère, Blanche, et de leurs deux filles, Lucette et Marguerite, se dispersera à l'issue de la guerre : les parents divorcent et chacun part de son côté, Blanche avec ses filles. Ni Blanche, ni Lucien n'ont jamais fait état de leur activité de résistants, et les villageois sont restés muets sur cette question, de telle sorte que ces épisodes auraient pu tomber dans l'oubli. Or, dans les années 8O, Edgar Morin et Clara Malraux ont mentionné plusieurs fois leurs séjours et passages à Pechbonnieu dans la maison Robène. C'est à partir de ces témoignages que la descendance des époux Robène a entrepris de collecter des témoignages et de plonger dans divers fonds d'archives pour faire reconnaître Blanche et Lucien comme « Justes parmi les Nations ». 

Ce fut chose faite par Yad Vashem en mai 2O18, et le nombreux matériau documentaire assemblé au cours de ces recherches a alimenté la rédaction du livre, préfacé par Edgar Morin, « La chambre de derrière, Laurent Robène, novembre 2O18, L'Harmattan ». Dans cet ouvrage, l'auteur décrit avec minutie les activités d'une communauté villageoise sous le régime de Vichy d'abord, puis sous l'occupation à partir de novembre 1942, et c'est dans ce décor de vie quotidienne que se déroulent des actes de résistance jusqu'ici méconnus. Le lecteur découvrira en filigrane au fil des pages les deux thèses qu'avance et soutient l'auteur. D'abord, bien que le couple Robène ne soit lui-même affilié à aucun groupe, réseau ou mouvement de résistance (en quelque sorte, ils agissaient en free-lance), plusieurs de ces groupes, réseaux ou mouvements connaissaient le refuge de Pechbonnieu et l'utilisaient. L'auteur a établi qu'au moins quatre organisations différentes fréquentaient la maison Robène et il n'est pas interdit de penser qu'il y en avait d'autres, sans que cela ait laissé de traces. 

D'autre part, et malgré le secret nécessaire à l'exercice de telles activités au sein d'un bourg, il s'avère que tout le village était au courant de ce qui se passait dans cette maison et que personne n'a jamais rien dit, aucune dénonciation. Au contraire, l'auteur a relevé plusieurs manifestations d'une complicité active et consciente. Une histoire dont ce village, Pechbonnieu, peut-être fier.


FranceBleu : Près de Toulouse, Laurent Robène rend hommage à ses grand-parents, Justes parmi les Nations (lien)

René Chabasse 1921-1944 - Héros de la Résistance

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Rédigé par Alan dans la rubrique Section Spéciale de Sabotage

René Chabasse 1921-1944
Héros de la Résistance
BCRA Réseau SOL - BOA Région B

Homme de coeur, homme d'honneur, homme de conviction, d'action, et de courage. Abattu à Angoulême le 21 février 1944 à l'âge de 23 ans.

Chaque 21 février à 17 heures à l'angle du boulevard René Chabasse et la rue de Périgueux, le lieux de cet événement tragique, il y a une cérémonie en sa mémoire. 

René Chabasse né en 1921 en Dordogne est élevé à Bouëx (Charente) où sa mère est institutrice ; son père retraité de la gendarmerie s'occupe d'une petite propriété agricole. René passe ses baccalauréats au lycée d'Angoulême. Il se destine au professorat d'éducation physique. En 194O il est moniteur.

Bouëx se trouve à proximité de la ligne de démarcation. D'emblée René Chabasse n'a accepté de se soumettre. Il franchit clandestinement cette ligne. Il connait très bien le terrain. Il repère les heures et les itinéraires des patrouilles. Il tente divers points de passage. Il devient vite un véritable spécialiste.

Fin juillet il fait passer son ami de lycée Jean Lapeyre-Mensignac. Leurs liens d'amitié lycéenne prennent une autre dimension. Ils se promettent de lutter ensemble jusqu'au jour de la victoire.

Novembre 194O Jean Lapeyre-Mensignac rencontre un ami de vacances d'avant guerre, un peu plus âgé qui lui, Guy Chaumet, qui est déjà en contact avec Londres (Réseau Copernic) et lui présente Théo Burlot (Réseau F2). Sans retard Jean Lapeyre-Mensignac et René Chabasse se mettent à leur disposition : ils seront « passeurs » et agents de renseignement surtout sur Bordeaux où Jean Lapeyre-Mensignac a commencé ses études de médicine.

Les passages, les renseignements marchent bien. Chabasse est vite « plein temps », son activité est intense, il étend ses recherches sur la Bretagne et la Normandie. Automne 1942, Jean Lapeyre-Mensignac a eu un contact avec le « Réseau Action Sol », basé à Saint-Etienne, chef Eugène Bornier alias « Sol » BCRA. Malgré sa réussite remarquable dans le renseignement, René Chabasse s'engage dans « l'Action » aux côtés de son ami qui va vite devenir l'adjoint de « Sol ».

Action de « Sol » :
Organisation d'atterrissages et parachutages, formation de petits groupes armés.

Jean Lapeyre-Mensignac soutenu par René Chabasse propose à « Sol » une extension de son réseau en Aquitaine. Accord de « Sol » et du BCRA. Ce sera la mise en place de ce qui va devenir le BOA Région B.

Chabasse avec Charles Franc (un autre ami du lycée) sera responsable BOA pour la Charente et la Charente-Maritime. Sous leur impulsion, l'implantation du BOA en Charente va être rapide et d'une grande efficacité.

Chabasse parcourt des centaines de kilomètres à bicyclette pour repérer des terrains que la RAF (Royal Air Force) pourra trouver aptes à recevoir des atterrissages. Ainsi le terrain « Serin » près d'Ambérac, « Albatros » près d'Angeac. Les terrains pour parachutages demandent moins d'exigences techniques  - citons « Chouette »« Pintade »« Pélican »...

L'équipe de réception pour atterrissages a son centre opérationnel chez Franc à Malaville. Formée autour de Lapeyre-Mensignac avec Chabasse, Franc, Barrère, Margariti, Boireau. Chabasse a repéré les moindres buissons, les plus petits sentiers autour des terrains.

Le 23 avril 1943 : 1er atterrissage double Lysander sur « Serin ». 18 Septembre 1943 : 2ème double Lysander sur « Serin » (arrivée de Pierre Brossolette). 14 novembre 1943 : double Lysander sur « Albatros » : arrivée du Colonel Bonnier « Hypoténuse » DMR Région B et du Capitaine Nancy « Sape » chef saboteur Région B.

Pendant ce même temps il a fallu aussi recruter et former des équipes pour les parachutages. Chabasse décide de fixer le centre opérationnel dans la ferme des Duruisseau« aux Forêts » près de Bouëx. Ils ont déjà été ses agents de renseignement. La jeune Andrée fait des liaisons. Le fils Edmond sera chef d'équipe de parachutages. Il forme des équipiers, les fait agréer par Chabasse, qui recrute deux autres chefs d'équipe : Guy Berger et René Rispard. Il met en place des « boîtes à lettres" et divers points de contact pour transport. Il lui manque une chose : un lieu de repos personnel. Trop occupé, il mange et dort chez les agents qui pour la plupart ne connaissent pas son identité. Il est SDF !

Fin 1943, début 1944, avec l'arrivée du DMR les parachutages du BOA Charente deviennent nombreux. La nuit du 6/7 février ses équipes assurent simultanément deux opérations sur deux terrains différents (près de Birac, près de Touzac). Outre ses fonctions BOA, Chabasse assure quelques missions discrètes de renseignement, en Charente, pour le DMR. 



Le 21 février 1944 il vient prendre des dispositions avec Jacques Nancy à la maison Duruisseau. Andrée lui sert un rapide repas. Malgré les risques qui se précisent, il part pour Angoulême apporter un message au domicile de la famille Berger, boulevard d'Orfond. La « boite à lettres » est grillée. La gestapo l'attend. Arrêté par plusieurs gestapistes il a une réaction aussi rapide que violente et se défait d'eux à coups de poing. Il s'échappe. Il est repris. Il tente une deuxième évasion, fait quelques dizaines de mètres lorsqu'il est touché par les balles ennemies. Il s'effondré allongé sur le trottoir. Il ne peut plus fuir. Un officier ennemi arrive, se penche sur lui. René se redresse un peu et le saisit à la gorge. Devant le ridicule de se voir tenir tête par un mourant. l'Allemand l'achève d'une balle en pleine tête.

René Chabasse avait toujours dit à ses compagnons proches : « Ne vous inquiétez pas, si je suis arrêté, je m'arrangerai toujours pour qu'ils ne me prennent pas vivent ! ».

Tel fut le parcours de charentais René Chabasse dans la Résistance, mort pour la France à l'âge de 23 ans.


Planche de l'ouvrage Les Années Noires - Angoulême 194O - 1945
Tiré du chapitre Un Homme Libre 
scénario : Eric Wantiez     dessin : Julien Maffre


Les derniers mots écrits par René Chabasse

Tracées sur des feuilles « papier écolier », la maman de René Chabasse a pieusement conservé les dernières lignes écrites par son fils en septembre 1942.

Cette lettre est écrite à la plume, de la petite écriture caractéristique de René. Elle comporte plusieurs ratures, quelques mots  rayés, l'ensemble prouvant que ce texte a été tracé d'un seul jet venant droit du coeur.

En voici les principaux extraits :

... « Il pleure dans mon coeur » a dit Verlaine...
Tandis que le mien rit.
Il me plaît de t'écrire pour te faire part de cette heureuse métamorphose qui a lieu en moi, près de moi, autour de moi.

Dans ces longues heures où je suis seul, plus seul parce que j'attends, mon imagination, cette folle du logis s'en donne à coeur joie, non seulement elle, mais toutes mes pensées, magnifiquement belles quand c'est vers l'horizon qu'elles voient tout bleu de l'avenir qu'elles s'envolent, tristes et sombres quand elles voient dans le passé les voiles noirs du deuil et dans le présent tant de pleurs et de sang mêlés.

Je me sens balloté dans cet immense tempête, assourdi par un tonnerre de plaintes et de feu, aveuglé par tant de mal, et tant de mauvaises poussières, par cette houle que j'ai voulu connaître. Rude épreuve pour moi, petit mousse cramponné au timon, redressant sans cesse un gouvernail qui voudrait emmener mon bateau à la dérive, tout trempé de la bave des lâches et d'une écume sale...

Pourtant je suis là et ceci m'étonne...

Toujours le même ? non ! j'ai changé un peu : plus sérieux, plus réfléchi - c'est l'âge - quelques gaffes me rappellent que j'ai été gosse et que je le suis encore un peu. Un enthousiasme fou que je ne cherche pas à calmer, bien au contraire, tant il est pour moi une source de beaux rêves de pensées idéales, de Paix total, un élan que je ne freine pas non plus et qui me rend si leste par-dessus tous les obstacles qui se dressent sur mon chemin...

Un coeur qui rit, un bon coeur qui rit de joie et d'espérance et par-dessus tout cela et qui en est peut-être la cause un amour irrésistible de tout ce qui est beau, vrai et harmonie...

« Heureux celui qui possède un idéal » a dit Pasteur.

Celui de Patrie fait de moi un homme bien plus droit et plus heureux. Un jour viendra je le sais, où celui qui triomphera. Je n'ai que faire du triomphe, c'est cette harmonie que je veux vivre, mais pour la vivre parfaitement, il faut la Paix.

Puisse le Tout-Puissant exaucer une des innombrables prières qui lui sont adressées par tant de gens qui souffrent. On verra alors prochaine la fin de tant de maux.

... Il y a un coup de collier à donner ces mois prochains. Je suis prêt à le donner. Bonne forme physique et meilleure forme morale.

Tu n'auras plus guère de nouvelles de moi.

« Prenons patience » dit la chanson. Quant à moi je ne sais où elle se prend mais peu importe : un jour viendra...

Source : Notre participation pour une juste mémoire de la Résistance en Charente 194O - 1944. Documentation, récits et références de Jean Lapeyre-Mensignac, Andrée Duruisseau (Epouse Gros), Edmond Duruisseau, Pierre Barrère, Guy Margareti, Charles Franc et Jacques Nancy.


Citation à l'ordre de la Nation

Le Gouvernement cite à l'ordre de la Nation :
M Chabasse (René), à Bouëx (Charente), pour les motifs suivants : ardent patriote, animé du plus pur esprit de la Résistance qui mené la lutte contre l'ennemi dès les premières semaines de l'occupation avec un cran admirable. Traqué par la Gestapo, a été assassiné au cours de son arrestation. Est mort en héros.

      Fait à Paris, le 12 avril 1946.

      Par le Président du Gouvernement provisoire de la République.



Le Mémorial de la Résistance à Chasseneuil-sur-Bonnieure. De face, l'entrée qui permet à accèder à l'intérieur du monument d'ou un escalier descend à la crypte dans laquelle reposent, côte à côte, les cercueils contentant les restes de René Chabasse et son frère cadet Pierre Chabasse. Il participera aux combats de la libération jusque devant la « poche de résistance allemande de Royan ». Le samedi 14 avril 1945, les armes à la main, en plein combat, face à l'ennemi, Pierre Chabasse est tué par une balle reçue en plein front.

Dans cette même crypte se trouvent aussi les restes du colonel Claude Bonnier « Hypoténuse » qui fut le délégué militaire régional de la région B, ceux de Jacques Nancy « Sape », son adjoint et chef de la Section Spéciale de Sabotage, ceux du colonel André Chabanne, chef du maquis Bir'Hacheim. Tous ont bien connu les frères Chabasse qui ont effectué diverses missions à leurs côtés.

Ci-dessous, un petit extrait du livre de 1947 par Marc Leproux Nous,les Terroristes - Journal de la Section Spéciale de Sabotage :

1 septembre 1944 - jour après la prise d'Angoulême

Pendant ce temps tout le groupe a été réuni boulevard d'Orfont (boulevard René Chabasse depuis 26 avril 1945) à l'endroit où René Chabasse a été tué, pour observer une minute de silence et déposer une gerbe de fleurs. Pierrot (le frère de René) a laissé déborder son chagrin et c'est très triste de voir sa douleur. Nous sommes très émus et notre émotion gagne l'attroupement des gens du quartier qui suivent la cérémonie.

Dès le lendemain les S.S.S. reprenaient le chemin de Puycharnaud laissant Angoulême libéré, à la garde des anciens et nouveaux F.F.I. des autres groupes.



René Chabasse - Héros de la Résistance
abattu à Angoulême, le 23 février 1944 à l'âge de 23 ans

Par Jean Lapeyre-Mensignac
avec Pierre Barrère, Charles Franc,
Guy Margariti et Andrée Gros-Duruisseau

Anciens chargés de mission du Bureau Central du Renseignement et de l'Action (BCRA) du général du Gaulle

Publié en 1996 par Pilote 24 édition
Version ebook (lien)

A lire également :

Monument aux morts de Bouëx (lien)
Monument de la Section Spéciale de Sabotage au Chêne Vert commune de Grassac (lien)
Andrée Gros-Duruisseau - résistante et déportée : Témoignage (lien)
Les Années Noires : Angoulême 194O-1944 - un album de bande dessinées par Le Troisième Homme (lien)

René Chabasse - abattu à Angoulême, le 21 février 1944 - Cérémonie de 2020

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Rédigé par Alan dans la rubrique Section Spéciale de SabotageLieu de mémoire,  Évènement


Angoulême

76ème anniversaire de la mort de René Chabasse
Vendredi 21 février 2O2O
à 17 heures

Comme chaque année, un hommage à René Chabasse sera rendu pour ne pas oublier l'un des leaders les plus charismatiques de la Résistance charentaise, René Chabasse, abattu à Angoulême le 21 février 1944. Hommage organisé par Andrée Gros-Duruisseau, ancienne résistante, deportée et amie de l'époque de René Chabasse.

La cérémonie se déroulera le vendredi 21 février à 17 heures, à l'heure exacte de sa mort, à la petite stèle à l'angle du Boulevard René Chabasse et la rue de Périgueux, le lieux de cet évènement tragique. 

René Chabasse


2O19 : Photos de la cérémonie du 21 février 1944 (lien)


Angoulême : 194O - 1944 : Les Années Noires (BD publié en 2O15)
Un homme libre (Planche 2 par E. Wantiez et J. Maffre)
(lien)

La flamme de René Chabasse entretenue

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Rédigé par Alan dans la rubrique Section Spéciale de Sabotage,  Lieu de mémoire,  Évènement

76ème anniversaire de la mort de René Chabasse
Vendredi 21 février 2O2O

Article de la Charente Libre de ce matin


Tous nos remerciements à Norbert Brulaud pour avoir eu la gentillesse de partager l'article avec nous. Merci Nono.

Le maquis de Durestal à Cendrieux

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Un nouveau lieu vient de naître en Dordogne pour le "tourisme du souvenir". S'adressant à ceux qui veulent en savoir plus sur la résistance dans le Périgord, la reconstitution du Maquis de Durestal permet de se replonger dans cette époque trouble grâce à des bénévoles et un chemin forestier reconstitué dans ce haut lieu de la résistance locale. (lien)



L'association La Mémoire de Nos Pères (lien)

Camp du maquis de Durestal - Photos du 21 au 22 septembre 2O19 (lien)

Bergerac le 6 mars 2020 - La Lumière des femmes - Mis en scène par Gérard Guillemin

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Le Théâtre de la Gargouille présente La Lumière des femmes, sa nouvelle création mise en scène par Gérard Guillemin.

Mis en scène par Gérard Guillemin, La Lumière des femmes est une grande fresque historique textuelle et musicale évoquant la condition des femmes à travers les grands conflits du XXème siècle, de la Belle Epoque à nos jours. Nous sommes au cœur d’un bistrot. On danse, des regards se croisent, des promesses s’échangent. Il faut bien qu’on aime… Anonymes abandonnées par leurs promis, compères bidasses, antimilitaristes. Les comédiens-chanteurs incarnent toute la population qui ne vit pas la guerre sur les champs de bataille mais qui se voit tout de même atteinte par l’onde de choc. Ceux là même qui ne meurent pas mais vivent avec leurs absents. Chansons, textes et poèmes dévoilent ces « petites histoires de l’arrière ». Une parenthèse festive qui rappelle que rien n’est plus difficile que de prendre du recul dans des conflits et que l’instinct de survie peut prendre parfois des airs de bal. Le propos se veut intemporel. Le théâtre, soutenu par la chanson comme outil révolutionnaire peut devenir alors le dernier refuge de l’utopie. Réflexion critique sur la violence et le pouvoir au XXème siècle, La Lumière des femmes est en même temps un cri et un rire, qui par sa portée physique et émotive éclaire notre présent.
  • Théâtre musical tout public à partir de 12 ans
  • Durée : 1h2O
  • Tarif : 12€ / 5€ moins de 16 ans / gratuit moins de 5 ans
  • Réservation conseillée au O553225476 ou theatrelagargouille@wanadoo.fr

Jacques Voyer - radio du réseau SOL

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Nous avons reçu un message de Daisy Vincent, elle écrit une petite newsletter mensuelle pour tenir famille et amis au courant du projet de recherche.

Son grand-oncle Jacques Voyer, alias Lucien Boyer, a fait partie du réseau SOL sous le nom de code EMERAUDE, à Saint-Etienne et Firminy. Il fut leur radio  entre octobre 1942 et avril 1943, après quoi il fut exfiltré par Lysander. Daisy a écrit un peu sur Jacques Voyer et le réseau SOL dans le newsletter de février, voici un lien :

NEWSLETTER JACQUES VOYER 23

Photo prise en 1987 d'une réunion du réseau SOL. 
Photo partagée par Anne-Marie BORNIER, la fille d'Eugène BORNIER

Du gauche à droite - Guy MARGARETI, Jean LAPEYRE-MENSIGNAC, Eugène BORNIER et Pierre BARRERE


A lire ègalement :

BORNIER Eugène Aimé (1911-1988) alias SOL, chef du réseau SOL, alias CURÉ (lien)

Réseau Sol / BOA-SAP Région B : l'équipe de réception des atterrissages Lysander (lien)

André Lair - période 1925-1945 (jeunesse et résistance)

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André LAIR - période 1925-1945 (jeunesse et résistance)


Né le 19 avril 1925 à Metz, André LAIR est fils de gendarme et grandira entre Metz et les lieux de casernement de son père.

Il a 14 ans quand se déclare la 2ème Guerre Mondiale. Après la débâcle de 194O il suit sa famille en Dordogne où son père est affecté. La famille Lair s’installe à Salagnac dans la Cité Clairvivre (sanatorium créé en 193O pour les blessés de la Guerre de 14-18).

La Dordogne et ses maquis ont été un foyer très actif de la résistance. C’est en mentant sur son âge qu’il rejoint la résistance dans le Bataillon Violette. Il intègrera ensuite en tant qu’infirmier la brigade de Rodolphe Charles Cezard, lui aussi lorrain (http://resistancefrancaise.blogspot.com/…/hommage-rodolphe-…), dite Brigade RAC au côté de son frère Raymond.

Malheureusement le 22 août 1944, Raymond tombe sous ses yeux, victime de tirs allemands (http://resistancefrancaise.blogspot.com/…/la-bataillon-viol… ). André devra son salut a un camarade qui d’un coup de crosse de fusil l’assommât pour le mettre à l’abri et l’empêcher de courir sous le tir ennemi.

Ce drame le marquera à vie. Il continuera malgré tout à tenir sa place au sein de la résistance et participera à la libération de villes comme Saintes, Angoulême ou Royan.
De cette période il gardera un profond attachement au Général de Gaulle et aux valeurs du gaullisme.

Il gardera également un lien particulier avec la Dordogne, et il traversera régulièrement la France pour différentes commémoration et accueillera à plusieurs reprises ses amis de Dordogne en Moselle.


André Lair avec Pierre MESSMER, 
engagé dans les Forces françaises libres (FFL)


Article tiré du page de Facebook de 'Histoire et Généalogie de Valmont' (lien)

André Babin dit Dédé - ancien de la Section Spéciale de Sabotage nous a quitté

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André Babin
ancien de la Section Spéciale de Sabotage
adjudant chef - IMA
chevalier de la Légion d'honneur
DPLV, medaille militaire
croix de guerre 39-45 - TOE - VM
sept citations, trois blessures


Nous venons d'apprendre dans la charente libre ce matin le décès de Mr Babin André dit Dédé. Engagé à l'âge de 17 ans dans la Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy. Il est survenu dans sa 94e année.

A sa famille, nous présentons nos sincères condoléances.

Royan - anniversaire de la Libération il y a 75 ans

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Square de la Brigade Rac, Royan

Tous nos remerciements à Michèle Cézard, la fille de Rodolphe Cézard dit "Rac" pour avoir eu la gentillesse de partager cette photo de la stèle en mémoire de la Brigade Rac à l'occasion de la 75e anniversaire de la Libération de la ville.

Malheureusement pas de cérémonie à cause du virus Covid 19.


Brie, Médis - Stèle à la Brigade Rac

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Stèle aux morts de la Brigade Rac au rond point du village de Brie.


Nous sommes très reconnaissant à Michèle Cézard d’avoir partager cette photo à l'occasion de l'anniversaire de la Libération du village. 

Malheureusement pas de cérémonie à cause du virus Covid 19

Revue des Mathes le 22 avril 1945 en présence du Général de Gaulle - 75e anniversaire

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacSection Spéciale de Sabotage


22 avril 2O2O - 75e anniversaire de la Revue des Mathes

Après presque cinq ans d'occupation, le drame incompréhensible du bombardement allié du 5 janvier 1945 et trois jours de combats acharnés, le 17 avril la ville de Royan est libérée. Le 2 avril la point de Grave est libérée. Deux jours plus tard, le Général de Gaulle ne manquera pas de venir visiter Royan et la point de Grave.

En fin de matinée du dimanche 22 avril, dans la plaine des Mathes, il participe à une revue militaire composée de milliers de soldats et résistants et salue cette victoire française.
De nombreux combattants sont décorés par de Gaulle lui-même; Deux officiers pour le 5Oe R.I. : RAC et Jacques Nancy.

D'après le récit de Guy Berger et les témoignages du Capitaine Jacques, de Carmagnat et de Charbonnier, tiré du journal de la Section Spéciale de Sabotage.

Revue des Mathes

Dimanche 22 avril 1945
Aujourd'hui c'est la fête et, malgré nos morts récents, on respire en ce jour de calme, par un temps magnifique, une atmosphère de paix, de joie, de détente. C'est une de ces journées d'avant-guerre, un de ces dimanches paisibles qui vous met la joie au cœur.


La stèle des "5 journaux", 
route des Mathes
Erigée en 1949

Il y a huit jours, nous étions assourdis, hébétés par le canon infatigable dont les automoteurs, placés derrière Brie, frappaient à grands coups dans notre dos. Finies la fusillade, les gerbes de balles traçantes, la vision des pauvres copains sans vie, celle des blessés douloureux ! Dans le cantonnement du 1er Bataillon (Brigade Rac / 5Oe R.I.), à Mornac-sur-Seudre, les sections s'apprêtent pour la revue des Mathes (près d'Arvert), pour le défilé devant le général de Gaulle.


Autos, camions, motos, aussi bien civils que militaires encombrent les routes, noyant piétons et cyclistes dans une poussière dense. La route de la Tremblade semble contempler avec surprise cette ruée vers les Mathes.

Chez nous, à la 2e Compagnie (1er Bataillon), c'est Trousset et une section qui doivent prendre part à la revue. Chacun s'efforce d'être « nickel » et l'on crache sur les chaussures miteuses pour remplacer le cirage. Que d'échanges de pantalons et de vestes ! Les plus minables sont « planqués » dans les rang du milieu. Dame, on a beau être des terroristes, de modestes F.F.I., de pauvres couillons qui viennent de sacrifier un petit moment de leur jeunesse, on n'en est pas moins coquet !


La meute, enfin prête, embarque à grands cris sur les Berliet Gazo-bois (toujours eux) qui démarrent dans la poussière épaisse.  Dans la traction de Jacques (Jacques Nancy), avec Edouard (René Gatisson), Pipe (Pierre Ducousso), Bouboule (Abel Maurellet), et quelques autres, nous suivons de loin.


La vue de la circulation sur la grand'route me fait penser au désert de cette contrée pendant tout l'hiver. Des civils reviennent en hâte chez eux. Que retrouveront-ils de leurs maisons ?
Dans les agglomérations, les gens, heureux de revoir des soldats de chez nous, font de grands signes amicaux aux camions bondés. C'est vraiment un beau jour. L'uniforme bleu-marine de la gendarmerie qui flèche le parcours met une note sévère dans cette scène. 


Le grande plaine des Mathes subit l'assaut d'innombrables voitures : tractions, Renault, camionettes, voitures américaines de grand luxe...

Les détachements des troupes qui ont pris part à l'attaque de Royan, impeccables, se rendent sur leurs emplacements pour la revue, dans le fond de la plaine, sur la gauche. C'est un alignement magnifique : calots rouges des zouaves, bleu ciel à fond jaune des Tirailleurs, bleu à fond rouge de l'artillerie et de l'infanterie.

A l'extrémité du terrain les chars attendent. Les Régiments F.F.I. mettent une note sévère dans cette débauche de couleurs, de baudriers et de gants blancs, par l'uniformité des tenues kaki et du casque qui brille au soleil.


Le général de Gaulle remet 
la Légion d'Honneur
 au Lt.-Col. Cézard dit Rac,
commandant le 5Oe R.I.
Peu à peu tous les détachements sont arrivés ; les musiques militaires, celles du 4e Zouaves et du 5Oe R.I. hésitent, cherchent avant de trouver leur emplacement. Maintenant tout le monde attend l'arrivée du général de Gaulle. Bientôt, une immense Renault décapotée l'amène, au milieu de l'enthousiasme général, sur le terrain, où il passe l'inspection des troupes, s'arrêtant longuement devant les unités,  suivi du Ministre de la Guerre qui trottine derrière lui, du général de Larminat, du général d'Anselme et d'une suite d'uniformes divers.

Il vient se placer à côté d'une estrade, près de la route où sont rassemblés officiers, sous-officiers et soldats qui vont être décorés. 

« Je suis, dit Guy Berger, dans le troupeau des officiers sans troupes avec Blaireau (René Rispard) et les collègues du 5Oe. Le général d'Anselme nous a, tout à l'heure, engueulés amicalement pour nous faire aligner, mais en pure perte.

Et la distribution des décorations commence : d'abord des Croix de la Libération. Le colonel Adeline en reçoit une. A côté de nous des gens, enrhumés sans doute, toussent un tantinet...


Quant à nous, ceux de la 2e Compagnie, nous sommes vachement contents, car Jacques est sur les rangs des récipiendaires, mal à son aise et un peu intimidé entre deux huiles qui attendent leur bout de ruban. Nous le voyons qui s'agite, comme assailli par les puces. De loin, nous le mettons en boîte...

Maintenant le général de Gaulle approche de Jacques qui ne bouge plus. Je pense qu'une photo est à prendre au moment précis où il recevra sa Légion d'honneur. Muni de l'appareil de Blaireau, j'avance, mine de rien, devant les A.F.A.T.S. (Auxiliaires féminines de l'armée de terre), puis devant les huiles, à quelques mètres de Jacques. Pourvu que je ne me fasse pas sortir ! Tout le monde a un air solennel, de circonstance, j'ai l'impression d'être un jeune chien dans un jeu de quilles. Mais quelles quilles !


Voilà de Gaulle devant Jacques : quelques mots en épinglant sa croix. Ce n'est pas le moment de s'amuser : un genou à terre, comme je l'ai vu faire aux reporters, et je les prends tous les deux, juste après l'accolade ; et je déguerpis. Jacques est tout rouge. Il doit être bougrement ému ! »


Le général de Gaulle remet la Légion d'Honneur au Capitaine Jacques
chef de la S.S.S. / 2e Compagnie du 5O R.I.
Là-bas les troupes présentent toujours les armes. Médailles militaires et Croix de Guerre s'alignent sur les uniformes kaki. Enfin c'est fini et de Gaulle regagne l'estrade pour le défilé des troupes.


Il semble de mauvais poil envers les photographies qui se font virer. Ils abusent un peu, il est vrai...
La musique du 4e Zouaves scande la marche des détachements de l'Armée d'Afrique qui passent d'abord, tous de couleurs éclatantes, impeccables sous l'habillement américain : zouaves, tirailleurs, nègres des bataillons de marche du Tchad avancent de leur allure souple et dansante ; puis les fusiliers-marins leurs traditionnelles guêtres blanches ; des artilleurs et un détachement américain (qu'ils sont dégingandés ces amerlochs !) L'armée régulière est passé ; la musique du Regiment Rac s'avance a son tour, impressionnante,  derrière le chef Bourbon qui jongle avec sa canne. Un bataillon du 5Oe défile en ordre parfait conduit par le commandant Plassard. Bien sûr ils n'ont pas tant de « gueule » que les autres : les casques sont un peu bosselés ; les coudes ne doivent pas être regardés de trop près,  non plus que les fonds de pantelons. Voici la 2e compagnie, accolée à la 1er : l'Aspi (Georges Trousset) et Froissard (Pierre Froissard de l'AS Roland Canva) l'emmènent rondement. Décamètre est plus grand que jamais à côté d'Henri le F.M. (Henri  Nivelle) et de Marcou (Marc Marquet). Un « tête gauche » énergique devant l'estrade... ils sont passés ! Voici le 1O7e en casque anglais, le 6e, le 158e et le groupement Fauconnier.


Le général de Gaulle devant la S.S.S. de Jacques Nancy
Les membres de la Résistance de Royan sont alignés sur la route, presque devant l'estrade du général. Ils sont là en parents pauvres ; personne ne s'occupe d'eux ; ils paraissent malheureux,  décontenancés, déçus sans doute.
Une section d'A.F.A.T., un peu raides, passe très vite, et l'artillerie et les chars terminent le défilé. 

Maintenant, tous autour de Jacques, nous le félicitons ; nous sommes très contents et lui, l'« animal », veut à toute force enlever sa croix. Bougre, il l'a bien gagnée et peut la porter. Nous parlons de la tenue et de l'allure des troupes qui viennent de passer. Nous sommes tous d'accord sur le fait que nos « types » ont bien défilé,  quoique n'appartenant pas à cette armée régulière de laquelle on parait vouloir nous écarter. 

La vaste plaine est noyée de monde ; beaucoup de militaires, beaucoup de civils. C'est un peu l'aspect d'un champ de courses après une grande réunion hippique. Nous suivons le flot interminable des voitures qui louvoient dans la poussière dense... »


Le général de Gaulle devant une unité américaine (13e brigade d'artillerie)
On reconnait sur la photo : 
Le général d'Anselme, l'amiral Rue, le lieutenant colonel Franchi




Au verso de la photo : 
Aux Mathes, au cours de la revue, le Général de Gaulle et sa suite passent devant le drapeau d'une Unité Américaine qui a participé aux combats de Royan, Pointe de Grave. France-Presse 22.4.45

Roland Reydit - 9e Cie de la Brigade Rac

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Roland REYDIT

Né Périgueux en 1925

Résistant dans le maquis du Nord de la Dordogne puis au sein de la Brigade RAC dans la 9e Cie.
Il a participé à la libération de Périgueux, Angoulême, Cognac, Saintes, Royan et l'Île d'Oléron.

Survenu à l’âge de 94 ans, il nous a quitté le 13 octobre 2O19 à Thiviers où il résidait la plupart de sa vie.



Exemplaire du livre Bataillon Violette de la famille Reydit avec des dédicaces de Rac, Violette et le capitaine Fred


Quelques photos de Roland prises à Thiviers à la fin de 1944





Valérie, la petite-fille de Roland nous a partagée cette anecdote ci-dessous qu'il lui avait raconté sur la prise de Royan en avril 1945.

Après que le bombardement ait eu lieu, avec d’autres combattants, il avait rencontré un habitant de Royan qui revenait chez lui et qui voulait leur montrer sa maison. Arrivés à Royan le monsieur avait été incapable de retrouver sa maison ni même sa rue, Royan ayant été entièrement rasé. Ils avaient du laisser cet homme désemparé derrière eux. Cette histoire avait profondément marqué son grand père tellement elle était triste...


Portrait de Roland Reydit d'après une photo prise en 2O17

Le 1er avril pendant la crise mondiale de Covid-19 Valérie a écrit ce bel hommage très emouvant à son grand-père, son Pépé, Roland :

Ce soir tu me manques. Tu me manques tous les jours en fait, mais ce soir plus que les autres, va savoir pourquoi.... Je suis contente quelque part que tu n’aies pas à vivre ce que l’on vit, tu ne l’aurais pas supporter, toi qui n’aimais pas être seul, toi qui avais toujours quelqu’un chez toi, toi qui sortais plus de trois fois par jour pour aller chercher un truc au supermarché. Tu aurais fini en prison à force de te balader... N’empêche que tu aurais dit que c’est un joli bordel et qu’ils commencent tous à te faire chier... et tu aurais bien raison.. Je suis contente que tu ne sois pas là pour voir ou même subir ce désastre. Mais bon sang qu’est ce que tu me manques, terriblement... la vie c’est moins drôle sans toi.

75ème anniversaire de la Libération de l'Ile d'Oléron

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75ème anniversaire de la Libération de l'Ile d'Oléron 
(3O avril - 1er mai 1945)


Un grand merci à Jérôme Clée pour cette photo prise à la cérémonie 
de 2O17 à la Rémigeasse de la stèle Normandin

Ci-dessous extrait tiré du Bulletin de Liaison des Amicales de la Brigade Rac et 5Oème R.I. - Numéro 8 - avril 198O

Ce bastion avancé permettait aux Allemands de surveiller l'estuaire de la Gironde et l'entrée du port de la Rochelle et de couvrir Royan.
En juin 1944, l'Ile comprenait 25 ouvrages bétonnés ; 4km de plages étaient recouverts d'obstacles divers.

Le 1er mai 1945 le nombre de mines posées dépassait 3O OOO. Surtout placées dans l'isthme des Allasins et à et à la pointe nord. La garnison comprenait environ 15OO hommes qui disposaient d'une quarantaine de pièces d'artillerie de calibre égal ou supérieur au 75.
Oléron était placé sous les ordres de l'amiral Schirlirz commandant le camp retranché de La Rochelle.
Comme toute opération amphibie l'attaque de l'Ile posait certains problèmes, notamment :
- le choix des plages de débarquement
- les moyens de franchissement
- l'embarquement des troupes
- la date en fonction de la marée
Après deux exercices d'embarquement ces choix se portèrent sur :
- 3O avril à la marée haute du point du jour
- débarquement sur la plage de la pointe sud de l'Ile (Gatseau)
- moyens civils : barques, remorqueurs, lasses
 moyens militaires : 24 Landing Craft (bâteaux avec arrière rabattable) 3O Ducks    (camions amphibies)
  2 portières construites par le génie.
Sous l'impulsion du Cdt Roland et du Cne Leclerc, les résistants de l'Ile (Corps franc des pêcheurs de la région) devaient mener une action de démoralisation parmi les troupes d'occupation.

La division d'attaque commandée par le Général Marchand comprenait :

- un groupement ouest (Lt Colonel Cézard) : 5Oème R.I., Bton de Fusiliers marins de Rochefort, une compagnie du génie, 2 groupes d'artillerie de 75, qui avait pour mission de conquérir une tête de pont à la pointe extrême sud de l'Ile, progresser jusqu'au champ de mines des Allasins, forcer ce passage et progresser sur l'axe Dolus - St. Pierre - St. Denis.
- un groupement est (Lt Colonel Monnet) : 158ème R.I., une compagnie du génie, un groupe d'artillerie de 75, qui avait pour mission de débarquer à la pointe sud dès la création de la tête de pont, sinfiltrer le long de la côte est, s'emparer de St. Trojan, de la pointe d'Ors et du Château, puis progresser en direction de Boyardville.
- un commando du Groupe franc marin Armagnac aux ordres du Capitaine de Corvette Fournier, chargé de débarquer sur la côte ouest, au nord du champ de mines des Allasins.
- d'importants réserves d'infanterie, artillerie, blindés, génie, bombes fusées.
- la flotte de haute-mer
- de puissantes forces américaines
- les Résistants de l'Ile (Capitaine Leclerc)



Rac et Roland Clée étudient les cartes.

Le 3O avril 1945 à 6 heures :

Les premiers éléments du 2ème Bton du 5Oème R.I. et du Bton de Fusiliers marins débarquent sur la plage de Gatseau. A 7h3O, ils tiennent une tête de pont de 2km de profondeur qui va permettre le débarquement des autres unités. Les copieux tirs d'artillerie de l'ennemi ne causent que peu de pertes. A 1Oh débarquement du 3ème Bton du 5Oème R.I. et d'un autre Bton du 158ème R.I. A 15h nos troupes ont atteint une ligne allant de St. Trojan à la Giraudère.
Se situe alors un bombardement massif des défenses ennemies des Allasins par l'aviation et la marine. L'attaque reprend vers 17h.
Fusiliers-marins et 5Oème R.I. enlèvent la forte position des Allassins et atteignent le Trillou à la tombée de la nuit.
A l'est la Pointe d'Ors est occupée à 18h3O, le Château à 2Oh, la Gaconnière à 23h.
Un peloton chenillé du 18ème Chasseurs, pousse une reconnaisance jusqu'à St. Pierre.
Dans la nuit du 3 avril au 1er mai, le Commando Fournier débarque par surprise au sud de Boyardville et progresse en pleine nuit d'est en ouest (il n'avait pas pu débarquer sur la côte ouest en raison de l'état de la mer).


Le 1er mai 1945 à 1O heures :

Le Commando Fournier occupe Dolus et à 14h3O avec l'aide du 18ème Chasseurs, St. Pierre où est fait prisonnier le commandant de l'Ile (Capitaine de Corvette Schaffner) et son EM.
Sur la côte ouest le 3ème Bton du 5Oème R.I. occupe successivement La Rémigeasse et la Cotinière. St. Georges est atteint à 16h3O et la pointe nord à 18h cependantnque le Colonel Durand (Cdt de l'ID) reçoit la reddition sans condition des forces occupantes. Les derniers éléments se rendent à Boyardville. A 22h tout est terminé.

Les morts de la Brigade Rac du 3O avril et le 1er mai 1945 à Oléron

HOUPERT Gaston (Adj. 5ème Cie)
CASSOU Sylvain (2ème cl 6ème Cie)
NORMANDIN Marcel (2ème cl 7ème Cie)
PARINET André (2ème cl 1Oème Cie)
PEDRINI Vincent (2ème cl 1Oème Cie)
MAIGROT Roger (2ème cl 1Oème Cie)
MAILLE Raymond (2ème cl 11ème Cie)
GARREAU Raymond (Cie Cdt 3ème Bton)

Roland et Jacques Reydit - 9ème Cie / 3ème bataillon de la Brigade Rac

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Tous nos remerciements à la famille Reydit pour avoir eu la gentillesse de partager cette belle photo avec nous aujourd'hui le 75e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945.


Roland Reydit est à gauche avec la cigarette et son cousin Jacques Reydit est à droite en retrait derrière.

Tous les deux ont fait partie de la 9ème Cie de la Brigade Rac et ont participé à la libération de Périgueux, Angoulême, Cognac, Saintes, Royan et l'Île d'Oléron

Photo prise à Thiviers sur la route qui est devenue l'avenue Charles de Gaulle. Devant la maison des Reydit que l'on voit derrière.

Royan - 75e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945

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Monsieur le Maire Patrick Marengo avec le Maitre de Cérémonie de Royan 
avec le drapeau de la ville


Photos de la 9e Cie de la Brigade Rac

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Tous nos remerciements à la famille de Roland Reydit pour avoir eu la gentillesse de partager ces belles photos avec nous.

Roland Reydit, résistant dans le maquis du Nord de la Dordogne puis au sein de la Brigade RAC dans la 9e Cie a participé à la libération de Périgueux, Angoulême, Cognac, Saintes, Royan et l'Île d'Oléron. Roland est sur toutes les photos ci-dessous.







La 9e Cie - le départ de Saint-Jean-de-Côle


Roland Reydit est à gauche




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