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19 août 1944 : Périgueux

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Tiré du Bulletin de Liaison des Amicales Rac et 50 R.I - numéro 2 - Octobre 1978

MM. Placais et Meredieu ont raconté au rédacteur de Sud-Ouest, auquel nous empruntons ces lignes, ce qu'ils avaient vécu lors de la libération de Périgueux.

"Dès le 15 août, des affrontements opposaient des bataillons FTPF et la Brigade Rac, aux Allemands qui quittaient Périgueux en vue de rejoindre Bordeaux ou Angoulême. L'attaque de Périgueux a commencé par le quartier du Toulon et la route d'Agonac. Le 19, les Allemands abandonnent Toulon et se retirent sur le centre. La ville est progressivement évacuée par les 3000 Allemands en garnison, qui tentent de se retirer par la RN 89 sous le feu des maquisards.

La 9e Cie (brigade Rac) et le groupe "Papa" du lieutenant Meredieu sont les premiers à pénétrer dans la cité. Les éléments en question sont entrés par l'avenue Victor-Hugo et ont longé les boulevards pour se rendre à la mairie. Quelques hommes sont alors envoyés à la poste et à la préfecture. A la poste le commandement allemand avait donné l'ordre à un de ses hommes de faire sauter le central. Le soldat ne voulant pas rejoindre son unité, a fait le minimum de dégâts et a trouvé refuge chez le concierge.

Groupe "Papa" à la prise de Périgueux

D'autres Allemands ont ainsi décidé de se rendre, tels ceux qui se sont réfugiés à la Boule d'Or où ils ont attendu trois jours que les passions se calment.
"Je leur ai sauvé la vie" dit M. Meredieu "et je les ai remis aux autorités militaires".
Le commandement français s'est installé au Domino qui était auparavant l'hôtel des officiers allemands et en même temps le P.C. de la Résistance à Périgueux. Ses propriétaires cachèrent sous l''occupation bon nombre de personnes recherchées. Dès l'arrivée des résistants la ville en liesse les acclama. Les fenêtres s'ouvraient et les drapeaux flottaient. Et pourtant, on découvrit dans la caserne du 35°RA, quarante deux corps de résistants français ensevelis sous des cadavres de chevaux.

L'édition spéciale de "Forces Françaises" du 21 Août 1944 disait :
"Partout cest le même enthousiasme fiévreux ..... on n'ose pas croire à une libération si rapide. Une foule immense acclame les FFI sur la place de la mairie dont le balcon est pavoisé aux couleurs alliées" .... "Moi, quand j'ai vu l'armée secrète dans Périgueux, je n'ai pas pu y tenir. Je suis monté dans ma chambre et j'ai pleuré comme un enfant ... "
 Devant la Mairie

L'édition spéciale de "Forces Françaises" du 21 Août 1944 (lien)

La Mission Alexander - l'équipe Jedburgh

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacLes Alliés

Fin juillet 1944 la Mission Alexander « tombait du ciel » quelque part dans le Limousin.
Après quelques pérégrinations, elle réussit à rejoindre le P.C. de la Brigade Rac. Le capitaine Tom (Jean Nicard) fut chargé d’assurer sa sécurité, son hébergement tout en lui facilitant sa mission. Il l’installa au château de Razac (à proximité de Thiviers), propriété du capitaine de Vigneral (commandant d’une des batteries du groupe d’artillerie de la Brigade Rac).

En 2003 Alain de la Tousche, fils de René de la Tousche de l'équipe Alexander a traduit en français le rapport après-mission d'Alexander pour un livret.

Tous mes remerciements à Alain de la Tousche pour avoir eu la gentillesse de partager le livret avec nous.

Opératon Snelgrove 3
Les Opératons de l’équipe Alexander
De Juillet à Décembre 1944


L’équipe Alexander

L’équipe Jedburgh Alexander a été la 29e a être envoyée en France du Royaume Uni.

Membres de l’équipe :
Les membres de l’équipe Alexander sont:
Le 1st Lieutenant Stewart J. Alsop (américain), nom de code Rona,
Le Lieutenant Richard Thouville (René de la Tousche) (français), nom de code Leix, 
Le 1st Sergent Norman R. Franklin "Dick" (américain), nom de code Cork.

Zone où ils ont été envoyés :
L’équipe a été envoyée dans la nuit du 12 au 13 août dans la Creuse en France. 

Situation de la résistance dans ce secteur :
Le délégué militaire de la région est Ellipse. Une mission inter-alliée nommée Bergamote (Mission composée de : Commandant Rewez, Major John Blomfeld (anglais), major Jack T. Shannon (américain) s’y trouve et son quartier général est au sud-est de Bourganeuf.

Sa mission:
Contacter, organiser et armer les groupes de résistants dans ce département. Le nombre de personnes pouvant être armées est esitimé à 25.000.
En juillet, l’ennemi a attaqué à l’aube le quartier général de la mission Bergamote avec de fortes forces appuyées par l’artillerie et les tanks. La mission a perdu tout son équipement, mais en a réchappé et pris un nouveau quartier général plus au sud. La dernière information reçue fait état de 12 groupes de 100 hommes chacun, armés et contrôlés par la mission Bergamote. Le restant est en phase de réorganisation.
A la suite de cette attaque, Ellipse et son assistant Croc viennent dans la Creuse. L’équipe Alexander est envoyée pour servir de liaison entre les membres des FFI et leur fournir une liaison radio avec Londres. Elle devait, également, aider au renforcement de la résistance et l'assister dans l’organisation et l’équipement.
En particulier, harceler les mouvements ennemis sur rails comme sur routes des axes Périgueux-Limoges-Châteauroux et Toulouse-Limoges-Châteauroux. 

Méthode de largage et du comité de réception :
L’équipe a été larguée avec un groupe de SAS et le comité de réception a été organisé par Croc. 

Transmissions : 
L’équipe possède un émmeteur-récepteur et a pour instruction de se mettre en rapport aussi vite que possible à son arrivée avec la « maison mère », si jamais son équipement ne peut fonctionner, elle peut utiliser celui de la mission Bergamote. 

Finances :
Chaque officier Jed a 100 000 francs français et 50 dollars américains, l’opérateur radio a 50 000 francs français et 50 dollars américains.

Relatons avec les autres unités alliées :
L’équipe est sous le commandement de la mission Bergamote.

Les forces alliées, si débarquement :
L’équipe a pour instruction de contacter l’officier de renseignement le plus proche et lui demander de les envoyer à l’état-major des Forces Spéciales le plus proche.

Action

A l’arrivée :
Dès que possible, l’équipe doit prendre contact avec la mission Bergamotte et les organisateurs FFI avec lesquels elle devra travailler.

En cas de retraite:
Dans le cas où la position de l’équipe deviendrait intenable en raison des actvitiés de l’ennemi, elle doit se mettre immédiatement en communication avec l’état-major londonien qui lui indiquera le meilleur moyen de se rentrer. Au cas où il est impossible de se mettre en relation avec Londres, l’équipe se terrera jusqu’à ce qu’une communication avec Londres ou une autre équipe soit possible.

En cas de capture:
Sur le terrain, l’équipe n’a pas de couverture. S’ils sont capturés, les membres de l’équipe le seront en tant que militaires en uniforme et bénéficieront des droits ordinaires militaires. Toutes les lois établies de la guerre leurs sont applicables. Donc, ils donneront seulement : leur nom, grade et numéro matricule. 

Informations fournies à l’équipe:
Les informations suivantes sont données à l’équipe avant son départ : 
  • 1.   Topographie de la Creuse, 
  • 2.   L’organisaton ennemie dans le secteur.
Premier mot du terrain:
L’ équipe Alexander annonce son arrivée saine et sauve sur le terrain par le message radio suivant daté du 14 août :
« Arrivés, avons contacté Hamlet. (Il s’agit de Philippe Liewer organisateur du circuit Salesman, parachuté avec Violete Szabo) Préparons liaison avec Bergamote et la ferons dès que possible.
Pour SAS - stick 9 bien arrivé avec de nombreux sacs de jambe rompus en raison de l’incompétence de l’envoyeur. Détails précis suivent. SAS en rapport avec Bergamote. »



Aperçu des échanges de transmission radio : 

14 août d’Alexander:
« travaillons en liaison avec Bergamote. N’avons pu les rejoindre à cause du manque d’essence dont Hamlet a un besoin énorme urgent. » 

15 août d’Alexander :
« avons rejoint le poste de commandement de François (il s’agit de Georges Fossey chef militaire de la Creuse) établi par Bergamote. Situation excellente. Le maquis combat avec succès l’ennemi tout le temps dans la région, mais manque total d’essence et transport, cela réduit l’efficacité et augmente les pertes. »

16 août d’Alexander :
« Section au combat. Les boches essayent désespérément de gagner l’Est.
Embuscades sur toutes les routes. Hier, les Allemands ont perdu 150, le maquis 2. Quand l’essence arrivera nous tenterons une liaison avec l’unité du maquis Revez. » 

(Le nom "boche" a été donné aux Allemands car il était courant à cette époque d’appeler l’Allemagne la Boschland. En effet l’entreprise Bosch, était très importante et de nombreux allemands y travaillaient. Quant à l’origine du mot : schleus, utilisé également, il pourrait provenir de deux origines:
- le mot Deutschland est difficile à prononcer surtout au milieu, aussi il était plus facile de dire schleu.
- de nombreux mots allemands comportent les lettres schl, d’où : les schleus) 

19 août d’Alexander :
« la situaton ici est plus tranquille. Les boches pris au piège à Bourganeuf, Revez contrôle la situaton. Avons contacté Ellipse qui nous ordonne avec l’agrément de Revez d’aller au nord de la Dordogne ou se trouvent 4000 maquisards en mauvais état qui ont besoin d’armes, d’entraînement et de communicaton. » 

24 août d’Alexander :
« le maquis combat les boches sur la route Périgueux Coutras. Espère attaquer Angoulême bientôt mais avons besoin d’armes. Persuadé que le maquis ici est trop négligé. Nous pouvons faire un énorme travail et faciliter l’avancée américaine sur les routes importantes si vous nous donnez des armes. » 

24 août d’Alexander :
« prévenez, s’il vous plait, les femmes et les familles des suivants qu’ils sont bien : Forcevan, S.J. 27154, RCAF ; Sgt E. Jonel, 999682, RAF ; Sgt H. Blacket, RAF. Ils sont avec le maquis depuis le 9 mai » 

26 août d’Alexander :
« encore rien reçu de vous. Informaton des FFI : Bordeaux tenue par les boches. La zone d’Angoulême est défendue par trois ou quatre mille boches. Les plus grandes forces : de l’ouest d’Angoulême à Châteauneuf, Nersac, Hiersac, Moûtiers, Plassac ; 800 indiens à Braconne. Contre-attaque boche à l’est des FFI de Dordogne pour se garantir la route Bordeaux Poiters. Essayons, aujourd’hui, d’établir une base de commandement unifé pour les opératons AS et FTP. Les munitions de tous genres des FFI sont très basses. Le plus urgent : avons besoin de bazooka. S’il vous plait, envoyez-nous quelque chose si seulement message de trois groupes. Prêt à tout recevoir. Pas de liaison avec les Américains à l’ouest d’Angoulême. Où sont-ils ? »

29 août d’Alexander :
« renforts arrivés hier de Vienne et Haute-Vienne. A la réunion de tous les chefs il a été décidé unanimement la distribution par secteur : Vienne : St Amant, Rochefoucauld ; Haute-Vienne : Prasac ; sud Dordogne : Charmant. Il a été décidé que l’attaque directe d’Angoulême est impossible du fait des forces boches, estimation : 2500.
Raids répétés des FFI sur les routes sud-nord . Le plus urgent est Angoulême. Secteur Torsac attaqué par les boches avec l’infanterie, résultat: 20 boches tués, dont deux lieutenants-colonels dont les papiers indiquent qu’ils venaient du secteur d’Anvers, 20 russes prisonniers, RR sud coupé 5 places. Branconne est tenue maintenant par les FFI. Le général boche prend route nord par Ruffec. » 

1 septembre d’Alexander :
« incapable de contacter les officiers ils sont maintenant à Angoulême. Le trajet est long de l’Indre à ici. Nous ne sommes pas dans la Creuse mais près d’Angoulême. Venons de recevoir d’Alsop, par estafete, ce qui suit : Les FFI Nord Dordogne sur le coté est d’Angoulême espèrent prendre la ville cette nuit. Pouvons-nous avoir un soutien aérien sur les nazis qui s’échappent par les routes. » 

1 septembre d’Alexander :
« Angoulême aux mains des FFI nord Dordogne à la suite d’une superbe et audacieuse ruse. Quelques combats de rue hier à 18 heures, et la ville entièrement notre ce matin. 22 prisonniers américains libérés. Plus de détail par la suite. » 

1 septembre du quartier général des forces spéciales :
« urgent de vous rendre dans l’Indre avec l’ordre de fournir à l’équipe SAS Suzanne un moyen de communication. » 

11 novembre d’Alexander : 
« parachutage bien reçu. Attendons suivant. Terrain et parachutes sont prêts pour Hudson. »

15 novembre du quartier général des forces spéciales :
« pouvez-vous nous renseigner si les allemands sont à l’heure actuelle sur les aérodromes de la Rochelle et de Rochefort, comment sont les terrains, et si il en existe d’autres dans le voisinage et si ils sont utilisés ou pas par les allemands. »



Milden Hall, Angleterre 1944 : Les lieutenants Stewart Alsop et René de la Tousche

Rapport Mission Alexander après son retour le 26 novembre 1944
Dicté par Alsop lors de son debriefing à Londres.

Mission:
La mission de l’équipe Alexander était d’accompagner la moité d’une troupe de SAS, se mettre sous le commandement de la mission FFI Bergamotte pour renforcer la résistance et les aider dans l’organisation et les équipements, en particulier pour harceler les mouvements sur routes et sur rails Périgueux/Limoges/Châteauroux et Toulouse/Limoges/Châteauroux. 

Départ:
L’équipe Alexander est arrivée sur l’aérodrome SAS avec deux autres équipes Jedburgh. Il était dit à notre briefing que nous aurions à accompagner une unité de 30 SAS français à la mission Bergamote dans la Creuse. A notre arrivée sur l’aérodrome il devenait bientôt visible que personne n’avait la moindre idée sur qui nous étions et de plus personne ne s’en souciait. Nous avons trouvé le Lancaster au dernier moment, pris place dedans et mis nos parachutes après le décollage. Dans cet avion nous étions : 15 SAS français et les trois membres de l’équipe Alexander.
Il était décidé qu’Alexander sauterait le premier, avec Alsop numéro 1, Franklin numéro 2, et Thouville numéro 3.

Le décollage a eu lieu le 12 août à environ 10 heures du soir. A un moment au-dessus du territoire ennemi nous avons subi des tirs de D.C.A., ce qui a obligé notre pilote à prendre des mesures périlleuses. C’est probablement pour cette raison que le navigateur a perdu contact avec le deuxième avion et fait une erreur sur notre zone de parachutage. Le 13 août vers 02 heures du matin nous approchons de ce que notre navigateur pense être notre lieu de parachutage. La trappe est ouverte et Alsop prend sa place comme prévu, l’avion tourne autour de l’endroit pendant un temps qui nous paraît interminable, vraisemblablement une quinzaine de minutes. Le largueur avertit Alsop que l’on n’utilisera pas la procédure de largage habituelle, mais dès qu’Alsop voit la lumière il doit sauter, cela ne pose aucune difficulté... Quand quelqu'un allume une torche électrique de l’autre coté de la trappe, Alsop disparaît immédiatement dans la nuit à plusieurs kilomètres de la mauvaise zone. Le largueur réussit à arrêter Franklin au moment où celui-ci allait à son tour sauter. Franklin, Thouville et les SAS sauteront quelques minutes plus tard.

Thouville se retrouve sur une ligne à haute tension, il coupe ses filins pour être enfin à terre, quant à Franklin... il atterrit dans un cimetière…
Personne n’est sérieusement blessé, c’est une chance…. cette zone de parachutage était réservée uniquement au largage de matériel, pas aux hommes…. Cette zone se trouve dans la forêt de Saint-Gilles en Haute-Vienne. Le comité de réception s’attendait à recevoir de l’essence qui leur faisait défaut et non des parachutstes inutiles a été très accueillant et arrangeant. Le capitaine Thouville à bord de l’un de leur gazogène s’est mis à la recherche d’Alsop qui, pendant ce temps, se dégageait de l’arbre sur lequel il avait atterrit quelques kilomètres plus loin. Les recherches de Thouville sont restées infructueuses, pendant ce temps Alsop après des heures d’errance a fini par trouver place à bord d’un véhicule de maquisards qui l’amène au P.C local, un château isolé ou un succulent repas est servi, le premier d’une série...

Haute-Vienne et Creuse:
Au briefing, il nous avait été dit que la région sur laquelle nous allions grouillait de cosaques, tous donnant du fil à tordre quand ils étaient confrontés aux parachutistes alliés. Bien que les cosaques soient un mythe, il est vrai que la Creuse, notre secteur, est tenue plus fortement par les Allemands que la Haute-Vienne.

A ce moment-là et dans les semaines qui ont suivi, les Allemands n’ont jamais eu réellement le contrôle total sur les départements du centre et de l’ouest de la France. En général, ils tenaient les routes principales et les routes nationales, les moyennes et grandes villes. Sur les petites routes et dans les villages, le maquis est, en général, libre de faire presque tout ce qu’il veut. Il est toujours prudent d’obtenir des informations récentes sur les Allemands avant d’aller quelque part, traverser une route nationale certaines semaines est une activité vraiment périlleuse, mais dès les premiers jours d’août cela est possible avec un peu de chance et une grande dose d’adrénaline pour aller presque partout en France, sauf bien sur dans les villes. De grands secteurs de plusieurs départements sont totalement sous le contrôle des FFI. Si les Allemands, naturellement avaient voulu consacrer des forces considérables à cette tache et subir de lourdes pertes, ils auraient pu reprendre n’importe lequel de ces secteurs, mais ils trouvèrent, ayant une expérience amère, notamment dans la Creuse, que ce jeu n’en valait pas la chandelle.

La Haute-Vienne est en grande parte libérée, les Allemands maintennent des forces seulement à Limoges et sur les routes nationales qui passent par ce département.
Au P.C auquel nous avons été rattaché, le personnel anglo-américain est plus nombreux que les Français. S’y trouve également l’équipe Jed Lee du capitaine Charles Brown, une unité Operatonal Group et Hamlet, un major anglais représentant du chef des alliés dans le département.

Nous avons été très chaleureusement accueillis par Hamlet et la mission, le contact s’est effectué immédiatement par l’intermédiaire d’un docteur qui est arrivé avec la mission Bergamote dans la Creuse.
Avec les SAS nous sommes arrivés dans la Creuse pendant la nuit du 15 août, nous déplaçant surtout la nuit dans un vieux camion, utilisant les phares sauf dans certains villages et à de nombreux carrefours.

On peut dire que, le besoin le plus urgent des FFI à cette époque, c'est le carburant, et que Londres semble peu pressée et peu enthousiaste à envoyer. Il est probable que beaucoup de monde à Londres n’arrive pas à comprendre l’importance de l’organisaton FFI, et comment son extension dépend du carburant. Les maquisards sont perçus comme étant des hommes des bois, sortant à pas de loup .
La seule source d’essence existante, ce sont les Allemands qui la gardent comme un trésor, et quant à Londres c’est de l’avarice. Ce qui fait que pratiquement tous les transports se font avec des gazogènes qui ont toujours tendance à tomber en panne au mauvais moment.
Londres, nous a laissé entendre que la mission Bergamote pouvait avoir des ennuis et finir en petite tenue à la gestapo !

Nous sommes arrivés à son quartier général pour trouver une mission prospère et bien tenue. Cependant, très récemment pendant environ deux semaines, elle a traversé une période difficile, quand les Allemands ont décidé d’anéantir le maquis.
Il a été, effectivement déclaré que ce maquis a été anéant, ce que les Allemands ont continué à croire sans se poser la moindre question, bien que les maquisards aient tué plusieurs centaines des leurs chaque semaine.

La mission Bergamotte a été la seule mission alliée avec laquelle nous avons eu contact en territoires occupés qui ait eu la maîtrise complète des opérations militaires. En d’autres termes, c’est la mission Bergamotte plutôt que les chefs des maquis locaux qui prenait les décisions. La Creuse a été, probablement, pour cette raison le seul département ou nous avons vu des FTP et des SAS ou des FFI accepter et respecter le fait d’être sous un commandement unifié. La situation militaire est bien maîtrisée, des embuscades ont été tendues sur toutes les routes importantes, tenues fermement par les Allemands, partant de Bourganeuf et de Guéret. Le maquis a combattu avec quelques très belles réussites tuant un nombre surprenant d’Allemands avec peu de pertes, en grande partie parce que les Allemands ont mis trop longtemps à comprendre que le maquis n’avait pas été anéanti.

Le deuxième ordre de notre briefing à Londres a été de se mettre en rapport avec Ellipse, le DMR et Croc (son adjoint), ce qui a été fait le 18 et 19 août. Ellipse nous a confié une deuxième mission : se mettre en contact avec les chefs du maquis Nord-Dordogne, Rac (lieutenant-colonel Rodolphe Cézard chef des FFI) de l’armée secrète et Louis (commandant Parouty chef des FTP) à Exideuil. Il a été impossible d’y aller directement en raison des concentrations allemandes, nous avons eu l’ordre de nous y rendre par des chemins détournés via la Corrèze. Un gazogène de la mission Bergamote nous a conduit aussi loin que possible, juste au sud d’Egleton où un combat opposant quelques forces était en cours. Nous avons, cette nuit là dormi dans les bois, un convoi allemand est passé la nuit par le même chemin, mais aucun d’entre nous n’a été troublé par l’autre. 

Ayant établi le contact avec les FFI corréziens, nous avons été envoyés par un ordre écrit d’Ellipse dans le nord de la Dordogne dans une voiture à alcool fonctionnant plutôt tant bien que mal. En arrivant à Thiviers (quartier général des maquisards non communiste) l’excitaton de la foule nous a fait comprendre que Périgueux, capitale de ce département, vient juste d’être libérée. Nous avons donc continué jusqu’à Périgueux et nous avons trouvé la ville toute entière en liesse, des bals dans les rues, des démonstrations spontanées du public dans toutes les directions, nous étions prêts à être tués par gentllesse..



Milden Hall, Angleterre 1944 : René de la Tousche

Nord Dordogne:
Le jour suivant à Rouffignac, sud de Périgueux, nous avons pris contact avec Louis et Rac. Nous avions perdu contact avec Louis après la chute d’Angoulême très tôt en septembre, mais ils ont travaillé en étroite collaboration jusqu’à la fin de notre mission la dernière semaine de novembre.

Nous sommes unanimes pour dire que Rac, capitaine à notre première rencontre et maintenant lieutenant-colonel, est la plus forte personnalité que nous avons rencontrée. Il a été fait prisonnier en 1940, s’est évadé après quelques mois vers son Alsace natale où il est immédiatement rentré dans la résistance. Quand cela a commencé à devenir trop chaud pour lui, il est venu ici, où la résistance est communiste avec sa famille. En opposition avec ce part, il a monté son propre maquis, débutant avec six hommes et trois pistolets. Quand nous l’avons rencontré, il avait 2 000 hommes armés et 4 000 autres attendant des armes. A notre départ il commandait une brigade de 3 800 hommes bien organisée. 

Rac a toujours dit, avec une franchise directe, exactement ce qu’il pensait et toujours dit la vérité. La « cravate » semble être le passe temps favori du maquis, c’est une façon assez habituelle de se couper les cheveux en quatre. Mais avec ce que nous avons pu constater, nous pouvons dire que Rac a toujours été d’une précision méticuleuse, ce qui a fait une parte de sa force.
Il n’était vraiment pas facile de savoir comment cela allait se passer avec les divers colonels et généraux qui arriveront en octobre et novembre, mais il a eu de véritables qualités de meneur. La Brigade Rac, comme l’a appelé le maquis, a un grand esprit de corps, c’est la plus disciplinée de toutes les unités FFI rencontrées sur le terrain. Rac a seulement 29 ans, militaire de l’armée régulière.

Louis (le chef communiste) est un ex-mécanicien garagiste, costaud, cordial, de bonne compagnie. Il vous aurait coupé la gorge si cela pouvait servir à son parti et cela ne lui aurait posé aucune difficulté. D’un autre coté, il était sympathique et jovial. Son maquis est à peu près équivalent à celui de Rac, sensiblement mieux armé. Il est impossible d’en être sûr, parce que bien que Louis soit toujours amical, il est toujours aussi renfermé et légèrement susceptible - peut-être parce que Thouville est Saint-Cyrien, Alsop américain donc capitaliste…
Rac et Louis sont donc profondément différents l’un de l’autre. En maintes occasions ils se sont querellés : les cadrer et essayer de coordonner leurs efforts. Cela n’a pas été une tache facile. c'était notre objectif fixé par le DMR.

Angoulême:
Les jours suivants, les Allemands nous ont régulièrement surpris par leur apparente stupidité et leur incapacité à apprendre comment faire face au maquis et leur apparente totale confusion dans leurs mouvements, allant dans n’importe quelle direction. Dans notre secteur leur effectif a énormément varié passant de 20 000 à 45 000 hommes. En tout cas, ils étaient toujours beaucoup plus nombreux que nous et nous avons continué à leur faire beaucoup plus de dégâts qu’eux.
Nous étions, peut-être, nous-même, un peu stupides d’être surpris, mais nous n’avions pas beaucoup de nouvelles et nous ignorions l’étendue de leur déroute au nord de la Loire.

Rétrospectivement, il est facile de voir que la majeure partie des forces allemandes, dans notre secteur, n’avait qu’un seul objectif: sortir de France par n’importe quel moyen et aussi vite que possible. D’autres unités avaient pour tache de prendre en force les ports de la cote ouest : Royan et La Rochelle. Cela explique le désordre apparent des mouvements. En tout cas, avec une supériorité numérique, de l’entraînement et des armes, les Allemands pouvaient certainement et tout à fait objectivement écraser très sévèrement les FFI, ils n’avaient pas le temps ou l’intention de le faire. Le commandement allemand local était très certainement décontenancé. Constamment poursuivis et harcelés par le maquis, des unités dispersées, désorganisées et dans bien des cas en infériorité numérique, il est facile de voir maintenant pourquoi les Allemands ont semblé, bien souvent incroyablement, impuissant contre les FFI.

Quand nous sommes arrivés à Périgueux, les boches se trouvaient à quelques kilomètres à l’ouest, dans la région de Ribérac et de Mussidan. Nontron était libre. Nos FFI et d’autres venus du sud de la Dordogne les ont harcelés jusqu’aux limites du département en multipliant des petits accrochages et montant des embuscades, tuant un grand nombre, principalement près de Torsac.

Aux alentours du 27 août, les FFI se préparent à attaquer Angoulême, dont la banlieue est encore tenue avec force par les Allemands : 22 000 hommes.
Louis a pris immédiatement la zone est de la ville, Rac le sud et le sud-est. La mission avait fait tout ce qu’elle pouvait pour que les deux régiments travaillent ensemble, cela n’avait pas été d’une grande efficacité jusqu’à l’arrivée d’éléments de la Haute-Vienne et de la Vienne. Le chauvinisme départemental est extraordinairement fort dans cette région de France et l’arrivée de ces « étrangers » a eu comme résultat la cohésion entre ces deux maquis. Pour la première fois, Louis et Rac se sont tutoyés. Une rencontre a eu lieu avec les meneurs de la Vienne et de la Haute-Vienne et des plans échafaudés pour créer un commandement général et des liaisons actives entre toutes les unités. La rencontre s’est terminée sur le constat de beaucoup de bonne volonté, de nombreuses poignées de mains et… les plans ont été vite oubliés par tous ceux qui étaient concernés.

La résistance dans la ville s’organisait. Cinquante hommes connaissant bien la ville ont été envoyés en passant par les égouts. Le curé de Torsac (Monsieur l’Abbé Richeux), un homme remarquable, donne le moyen de transporter des armes à la résistance de la ville.
Très solennellement en chantant des psaumes en latin, il a pris la tête d’une procession funéraire jusqu’au cimetière d’Angoulême, beaucoup de pleurs au moment où le cercueil allait être mis en terre. Dans le cercueil, il y a bien sûr des armes qui seront déterrées la nuit par les résistants.

Un excellent coup réussi sous le commandement du capitaine Ullman, un officier de renseignements de Rac. Il apprend que 300 italiens étaient prêts à se rendre avec leurs armes (c’était les armes qui nous intéressaient) en face de la caserne d’Angoulême, si nous venions nous-mêmes les chercher. Cette caserne se situe sur la périphérie, pas dans la ville même. La première nuit les Italiens ayant entendu quelques tirs ont refusé de monter dans les camions, mais la deuxième nuit ils sont montés et Rac a obtenu une énorme quantité d’armes en bon état, y compris deux fusils antitank légers et une demi-douzaine d’armes lourdes. Le 30 août Rac et Louis ont rencontré une petite résistance à la Couronne et dans les faubourgs d’Angoulême.

L’attaque a eu lieu l’après-midi suivant vers 5 heures. Les détonatons des tirs nourris, spécialement avec les armes légères, faisaient penser à une scène de bataille hollywoodienne. Toute action dans laquelle participe un maquisard est très bruyante du fait que quand il met le doigt sur la gâchete d’une Bren, il ne l’enlève que quand la dernière balle a été tirée. Les Allemands ont utilisé quelques morters avec peu d’effets, tout cela s'ajoutant au vacarme général. Un cessez-le-feu a eu lieu à 8 heures pour tenter des pourparlers avec le commandement allemand. Thouville et Alsop ont trouvé une femme dans les faubourgs qui s’est portée courageusement volontaire pour transmettre un message du préfet au commandant. Bravement, puisque les Allemands avaient l’ordre de tirer sur tous civils qui seraient dehors. Le message était un appel à se rendre avec les armes et la promesse de traiter les prisonniers comme des prisonniers de guerre, s’il relâchait indemne les 30 prisonniers politques détenus prisonniers. (A Périgueux, avant de partir les Allemands avaient exécuté tous les prisonniers).

Ce message n’a eu aucun effet, Rac est décidé, contre l’avis général, à contnuer d’avancer dans Angoulême. Nous savions, bien sûr, que les Allemands étaient entrain de se rentrer de la ville, mais il devait en rester encore beaucoup et nous pensions que cela serait compliqué et que des combats de rue de nuit n’auraient aucun effet. Rac est resté impassible. Les Allemands ont profité de ce temps pour quitter aussi vite que possible leurs positions. La progression a repris vers 20 heures avec une faible résistance, et vers minuit le drapeau tricolore flotait sur l’Hôtel de Ville, éclairé par des phares de voiture. En dépit de quelques tirs entre la milice et des Allemands restés en arrière continuant dans les faubourgs pendant quelques jours, une gigantesque fête a débuté dans la ville. Une foule légèrement pompette, la plupart en pyjamas, a défilé dans les rues jusque bien après l’aube. 12 américains et 10 anglais, pilotes et parachutistes, abandonnés au moment du départ des allemands ont été retrouvés et royalement fêtés, ils ont été par la suite évacués via Limoges pendant le nuit de 2/3 septembre 1944.

Cet épisode a été maintes fois raconté, il montre en effet comment de nombreuses grandes villes ont été libérées par les FFI.
A partri de ce moment le maquis s’installe alors que les Allemands évacuent. Le maquis harcèle les Allemands faisant de nombreux morts et les font s’enfuir plus rapidement et d’une manière plutôt désordonnée.
Il est exact de dire que le maquis n’a jamais, ou n’a jamais pu, libérer une ville comme l’aurait fait une armée régulière.

Cela n’est pas dit en reproche ou en dérision du travail des FFI, nous les avons vus accomplir un magnifique travail, avec peu d’hommes, peu d’armes et beaucoup de difficultés.
Le maquisard est un homme courageux, qui n’a pas l’entraînement d’un soldat, il hait intensément son ennemi avec plus de raisons que n’importe quel soldat dans l’Histoire. Ce n’est pas un soldat, et nous sommes amenés à dire que chaque fois que nous avons essayé d’imposer une situaton en termes militaires nous avons fait une erreur de jugement.

Rac et Louis, après l’attaque d’Angoulême, se sont dispersés et nous avons perdu contact avec Louis qui, plus tard, a fait mouvement avec une parte de son maquis vers le front de La Rochelle. Nous avons continué avec Rac jusqu’à la fin de notre mission.
Pendant la nuit de l’assaut sur Angoulême, Franklin, qui était resté seul à notre PC, a reçu un message de Londres. Depuis le 12 août nous avions envoyé à peu près un message en anglais par jour. Dans notre dernier message nous avions demandé des renseignements et des parachutages. Louis et Rac, surtout ce dernier, avaient besoin d’armes pour compléter leur armement et équiper les hommes à l’entraînement. Nous n’avons reçu aucune réponse à nos demandes, par contre nous en avions reçu un nous disant que tout aller bien pour nos familles.

Le message que Franklin a reçu en l’absence d’Alsop et de Thouville mentionne très clairement que l’expéditeur pense que nous sommes toujours dans la Creuse. Nous l’avions quittée quelques semaines auparavant en ayant pris soin de prévenir. Londres, de nous envoyer un message s’ils n’étaient pas d’accord avec cela. Tout cela s’est finalement arrangé, probablement pour une grande part, par l’envoi d’un long message de Thouville en français. Après cette « affaire » tous les messages ont été envoyés en français, Londres a plus ou moins apprécié, nous n’avons jamais eu le moindre reproche jusqu’à la fin de notre mission.

Cognac - Saintes:
Le combat s’est transformé en poursuites d’Angoulême à Saintes et de Cognac à Royan. Après Angoulême la majeure parte des forces allemandes a continué vers l’ouest et le nord, vers Châteauroux, aussi vite que possible. Un tout petit nombre est allé renforcer les garnisons de Royan et de La Rochelle, par Hiersac, Jarnac, Cognac et Saintes. Rac avec ses maquisards et quelques autres unités FFI s’est occupé d’eux. Hiersac, Jarnac, Cognac ont été libérées avec peu de combats. A Saintes cela n’a pas été pareil, un bataillon de Rac sous le commandement de Violette, une vingtaine d’années, ex sergent de l’armée de l’air, a surpris un convoi allemand d’environ 500 hommes sur la natonale 728. Violette a reçu des renforts un peu plus tard, le combat a duré de 16 heures 30 à environ 22 heures le 4 septembre et cela a été un succès pour les FFI. cinq maquisards, seulement, ont été tués, alors que les Allemands ont perdu 10 hommes, comptés sur le terrain, et on peut multiplier par deux ce nombre en comptant ceux qui ont été tués dans les camions ou qui sont morts des suites de leurs blessures. 7 camions boches ont été pris. Il y a eu de nombreux accrochages dans la ville de Saintes et aux alentours à fur et à mesure que les FFI s’approchaient des forces allemandes de la zone de Royan. Il a été affirmé que les Allemands ont perdu 182 hommes, mais il semble que cela soit exagéré.

Violette, avec la libératon de Saintes, a reçu, lors d’un défilé organisé un peu plus tard pour le général De Gaulle au moins autant d’acclamatons que le général.
Les deux semaines suivantes ont été consacrées à tester, avant l’assaut final, les positions allemandes en organisant des patrouilles de reconnaissance. Il a fallu s’y résigner, la détermination était modérée, on s’ennuyait en faisant face à la ligne de feu.

Après la libératon de Saintes, Alexander s’est constamment déplacé. Avant de rejoindre Rac, nous avons fait un agréable long voyage touristque à travers le centre de la France occupée, et, après l’avoir retrouvé, nous nous sommes battus sur des petites routes de Thiviers à la mer.
Les six premières semaines ont été pour nous les plus intéressantes et les plus passionnantes, après notre boulot est devenu de plus en plus administratif comme à l’état-major, malgré quelques alertes et expéditions, nous étions quand même assez occupés à essayer d’avoir des armes pour Rac qui en avait de plus en plus besoin, nous envoyions à Londres des informations sur les actvitiés des allemands, notamment sur les V-4.



Le 18 septembre 1944 à l'aérodrome de Cognac.
Le Général de Gaulle serre la main de Rac

Royan
Nous avons tous pensé en arrivant à la Seudre que nous étons presque à la fin, et que les Allemands étaient coincés dans la région de Royan et qu’ils capituleraient dans les jours à venir. Nous avons eu une désagréable surprise. Nous n’avions aucune information, nous savions simplement que les Allemands étaient forts, bien entraînés et déterminés à tenir le coup. Nous n’avions pas, non plus, réalisé que le but de l’état-major allemand était de tenir les ports français tout le long de la cote. Quand le commandant allemand a repoussé toutes les offres d’arrangement de sa capitulation et quand ils devenaient plus durs face à nos diverses tentatives d’approcher Royan, nous avons compris pourquoi nous étions là.

A ce moment, Rac tient la Seudre de Marennes sur la cote au contrebas de Saujon que nous avons pris en premier, puis reperdu et repris plusieurs fois, mais en dernier lieu aux mains de Rac.

Pendant cette longue période où nous n’avons reçu ni armes ni munitions de Londres, il a bien fallu se débrouiller. J’ai toujours fait remarquer que les méthodes de combat des maquisards étaient loin d’être économiques en munitions et notre avancée de Dordogne à la mer n’a pas arrangé les choses. En poursuivant les Allemands, nous avons pu leur prendre quelques trucs pour remplacer nos affaires en mauvais état, mais ce que nous avons tout d’un coup découvert a été une énorme surprise. L’urgence était donc de trouver des munitions pour les Bren et n’obtenant rien de Londres, Alsop et Thouville ont passé la majeure partie de leur temps à courir la région en tous sens pour essayer d’en avoir auprès d’autres agents ou auprès d’autres missions. Ils se sont débrouillés pour ramener une centaine de mille, plus quelques autres choses pour Rac. 

Une des raisons, je pense, du manque total d’aide de Londres, c’est que, sur une carte de France, La Rochelle et Royan se trouvent côte à côte, semblant ne faire qu’une seule ville et donc Royan a été inclus dans la zone de La Rochelle. Nous avons fait de notre mieux et nous n’avons jamais entendu le moindre tir venant de La Rochelle. Mais tout n’était pas terminé après le retour d’Alsop de Londres où il s’était rendu pour mendier des armes. C’est pendant la dernière semaine de septembre que nous avons fait notre première expédition au nord de la Loire. Nous y sommes allés pour essayer de trouver du carburant et de voir comment il est possible de récupérer quelques armes et munitions allemandes prises au moment ou ils s’étaient rendus quelques semaines auparavant.

Il fallait donc du carburant. A Angoulême et Cognac nous avons récupéré plusieurs centaines de litres aux allemands qui ont été utilisés rapidement. La Brigade Rac, qui compte environ 3.800 hommes, est maintenant complètement immobilisée, sauf les gazogènes. A Rennes, nous obtenons sur réquisition à peu près 20.000 litres de carburant à la section britannique. Rac a envoyé 19 gazogènes pour aller les chercher. Les Américains ont été très surpris en voyant ce convoi vétuste, mais aussi incroyable que cela puisse paraître les 19 camions ont fait malgré tout l’aller-retour.

Nous n’avons pas eu le même succès pour les armes allemandes. C’était pourtant tentant. Le changement de la situation militaire a eu pour effet de modifier notre source d’approvisionnement. En plus, à cette époque, (c’était avant l’arrivée du lieutenant Lucien Conein, Jed du team Mark, et de nombreux régiments de maquisards), Rac avec ses 3 800 hommes était sur la majeure partie de la ligne de front, en face se trouvaient 8 ou 10 00000 allemands. On comprend son impatience à vouloir armer des bataillons supplémentaires. Il y avait, également, un tas d’armes et de munitions allemandes restées dans les arsenaux dont les Américains ne pouvaient se servir. Nous n’avons pu les avoir. C’était un ordre, apparemment, d’un général du quartier général des forces alliées, bien que quelques armes aient été données à des FFI et ce malgré l’aide d’officiers de la zone du Mans. Alsop et Thouville ont fait un voyage éclair à Paris pour voir le colonel William G. Jackson, chef du quartier général OSS. Il fera de son mieux, mais malheureusement les ordres du SHAEF 
sont maintenus…

A notre retour début octobre, nous avons trouvé une situaton légèrementaméliorée avec l’arrivée du régiment Armagnac et d’autres unités FFI. La situaton militaire, quant à elle, n’a pas changé, nous sur une rive de la Seudre, les Allemands sur l’autre. Le point le plus chaud est Saujon, cette ville contrôle les réserves d’eau de Royan. Le moral des allemands est bas, leur stock de nourriture s’épuise, leur situation en fin de compte sans espoir. Une mission américaine, conduite par le major Alexandre Brown Griswold de l’OSS est envoyée de Bordeaux pour essayer d’arranger leur reddition, le commandant Allemand a carrément affirmé qu’il ne capitulerait ni devant les Français ni devant les Américains. Nous nous sommes trouvés dans une impasse. Même avec l’arrivée de renforts, les FFI ne sont pas assez forts pour attaquer, les troupes se bornent à efectuer des patrouilles et à faire face à quelques anicroches. Rac a encore la majeure parte de ses unités de FFI sur le front, mais le moral diminue. Notre parcours de Thiviers à la mer a été aussi amusant qu’une guerre peut l’être : toujours en mouvement, causant quelques sérieux dégâts, en faisant quelques « piquages » (mot du maquis synonyme de chaparder) aux Allemands. Tout cela a été palpitant et exaltant.

Les troupes étaient maintenant essentellement constituées de civils armés de Sten et de Jerry, elles faisaient une sale guerre, dans des conditions difficiles à cause du mauvais temps et des marches. De plus, des bruits circulaient : les FTP étaient entrain de rentrer chez eux en Dordogne. C’était très ennuyeux, Rac a lui-même dit : « ce n’est pas une rigolade, maintenant...». Il a mis en place un système de rotation pour ses bataillons, un bataillon renvoyé en Dordogne pour se reposer, se ré-équiper, en congé finalement.

Nous avions encore besoin d’armes et de munitons, au cours des six dernières semaines nous en avions utilisé énormément. Du coup la mission a décidé de refaire un voyage au nord de la Loire en parte pour chercher des armes et en parte pour emmener un prisonnier polonais qui nous a donnés pratiquement toutes les informations concernant le V-4. (nous en parlerons plus loin.)

Nous sommes allés à Paris vers la deuxième semaine d’octobre, et bien que l’OSS ait un bureau à Paris, Alsop est part pour Londres le 18 octobre. Là, il a expliqué le pourquoi des armes, répété que nous n’avions reçu aucune des armes qui avaient été envoyées dans la zone de La Rochelle et préparé un dernier largage par 7 avions.

Pendant qu’Alsop était à Londres, Thouville a envoyé le sergent Franklin et Philippe de la Tousche - son frère qui avait été rataché à notre mission - en moto pour rétablir le contact radio avec Londres. Ils ont eu un grave accident du à un camion américain qui n’a pas pu être identfié. Franklin n’a eu, heureusement, que quelques plaies à la figure et une légère commotion cérébrale, Philippe de la Tousche, gravement blessé, est à l’hôpital.

En rentrant de Londres, Alsop s’atend en revenant dans la zone de Royan à y rester longtemps. Le général de Larminat ne connaît pas réellement toute la situation et Alsop espère que le siège de Royan pourra continuer à être tenu fermement par les FFI, et il croyait donc le lieutenant Braden : attaché d’ambassade, ayant une grande expérience du combat, ayant fait ses preuves à l’entraînement et sachant organiser des patrouilles. Il était clair que Braden a été mis à la disposition d’Alexander soit par un ordre de l’état-major FFI, soit par un ordre de l’OSS par le biais de l’ambassade le mettant TD pour l’OSS. En fin de compte les équipes Jed étaient priées, à la demande du général de Larminat, de quitter les lieux et nous n’étions là que depuis trois semaines.
Ces trois dernières semaines ont été en grande parte occupées par les parachutages des 7 avions et par la venue de deux Hudson envoyés pour récupérer les parachutes. En raison du mauvais temps, ces parachutages se sont étalés sur dix jours. Nous avons, aussi, réussi, avec le lieutenant Conein et son adjoint, à faire réunir Rac et le colonel du régiment Armagnac, ce qui n’a pas été apprécié par tout le monde.

En revenant à Londres via Paris, Alsop a montré en détail sur une carte le dispositf allemand dans la zone de Royan et a donné des indicatons précises sur les défenses allemandes au bureau de l’OSS à Paris. Au 26 novembre la situation militaire n’avait pas évolué par rapport aux mois précédents. Les positions étaient encore tenues par 7 régiments FFI, ce qui représente environ 12 000 hommes. Les troupes allemandes sont évaluées à 11 000. On était toujours dans l’impasse, de nombreuses patrouilles de chaque coté, quelques pilonnages, mais dans l’ensemble la situation était complètement bloquée. Cela n’allait pas rester ainsi éternellement. Le général de Larminat a installé son quartier général à Cognac et des renforts de troupes de l’armée régulière française sont espérées. La capitulation du commandant allemand est espérée, et s’il le faut une attaque massive est prévue. Si les Allemands sont déterminés à résister, cette attaque ne pourra les expulser, les défenses allemandes, comme on peut le voir sur la carte, sont très puissantes.

Le V-4:

Probablement le fait le plus marquant de l’équipe Alexander au cours des trois mois et demi.
Au cours de la nuit du 13 septembre, à ce moment-là le régiment de Rac tent la ligne de front de la Seudre, Alsop, Thouville et Rac se trouvent dans le poste de commandement à Saujon. Un polonais, soldat dans l’armée allemande, cantonné à Royan, s’est rendu. Rac parlant allemand, c’est un alsacien, nous avons commencé à l’interroger. Nous nous sommes vite aperçus que cet homme n’était pas n’importe qui, il connaît parfaitement bien tout le dispositf allemand et en particulier une arme secrète. Nous avons donc pris en notes tout ce qu’il nous a dit et nous avons envoyé un message à Londres le 14. Il nous a paru plus que probable que notre service de renseignements avait déjà des informations complètes sur cette arme, ce qui fait que dans notre premier message nous n’avons donné qu’une simple description. Il s’est avéré que Londres en entendait parler pour la première fois, il en a résulté un échange de messages intenses dans lesquels nous avons fourni le plus possible de renseignements. 

Avec l’aide du polonais, qui devenait de plus en plus coopératif, nous avons fait des plans détaillés et envoyé un agent avec une lettre scellée chercher un avion qui puisse amener ce courrier à Londres. Après quelques jours de recherches, cet agent a fini par en trouver un à Biarritz. Les plans sont parvenus à Londres début octobre. Ce polonais a été notre seule source d’informations, c’est un homme très intelligent, a suivi une formation d’officier dans l’armée polonaise et a servi dans une unité utlisant le V-4. Nous avons eu une vague confrmation de l’existence de cette arme par d’autres prisonniers et agents, mais le Polonais a été le seul à nous donner des renseignements clairs et détaillés et en plus, il l’avait vu fonctionner.
Les messages reçus nous ont confirmé l’intérêt grandissant de Londres sur cette arme. Alsop et Thouville ne sont pas des experts en interrogatoire, et le Polonais seule source d’information, il fallait donc qu’il soit interrogé par un spécialiste. En fonction de ce que nous avons pu voir, il nous a paru parfaitement sincère, et les informations données très précises. Il nous a semblé très surpris de comprendre qu’il soit le premier à décrire cette arme et d’après lui elle existerait depuis plus d’un an. Et pourtant, c’est à Royan que nous avons appris son existence, elle n’a été utilisée ni le jour du débarquement ni sur le front de l’ouest…. Nous avons donc décidé de l’emmener à Paris où il a été interrogé, jusqu’à mi-octobre, par le bureau de renseignements du SHAEF qui nous a confirmé quelques temps plus tard que tout était véridique.

C’est une arme ant-infanterie qui nécessite une rampe de lancement de 2 mètres. Ses effets destructeurs sont entièrement dus à l’air compressé et n’a pas du tout d’effets d’éclats d’obus. Elle peut être utilisée soit pour son effet de souffle soit combinée à des produits infammables pour des effets incendiaires. Elle produit des effets sur un rayon de 50 mètres de son point d’impact. Le Polonais nous a raconté avoir vu un cheval être entièrement déchiqueté alors qu’il se trouvait, pense-t’il, à plus de 50 m.

Ce qui peut expliquer la présence de cette arme dans une si pette ville, mais nous n’en avons pas eu confrmation, c’est que Royan est un centre d’essai et cette arme, inventée par un français, n’est pas encore totalement au point. Le fait que la rampe de lancement et le système de visée soient si primaires semble vouloir nous donner raison.
Mais, d’un autre coté, il a été dit que cette arme a été utlisée sur le front russe jusqu'à ce que les Russes aient menacé, en représailles, de se servir de gaz. C’est une façon très efficace pour obtenir l’arrêt complet.

Cette arme produit donc son effet complètement par souffle, et ce n’est pas une motte de terre ou un petit terrier qui peuvent offrir la moindre protection, le seul moyen, pour l’infanterie, ce sont les tranchées. Heureusement que des défauts soient apparus, et partculièrement que cette arme pouvait exploser au départ. Les Allemands ont eu, apparemment, très peur de s’en servir. Malgré cela, le Polonais nous l’a confirmé, le commandant allemand a répété inlassablement que les Allemands gagneraient la guerre avec cette arme, il nous semble qu’il ne faut pas prendre cela à la légère.

L’équipe:

Les trois membres de l’équipe ont parfaitement travaillé ensemble.
Franklin fait un excellent travail que ce soit techniquement ou autre. Il a toujours été volontaire et a toujours gardé la tête sur les épaules dans les difficultés. Maintes et maintes fois quand il y avait des alertes, il est part immédiatement se mettre à couvert avec les codes et la majeure parte du matériel radio sachant parfaitement ce qu’il avait à faire. Nous avons eu des ennuis avec notre propre matériel vers la fin du mois d’août, mais il en a trouvé un autre et Franklin a fait un formidable travail pour nous maintenir constamment en liaison avec Londres.

Alsop et Thouville ont très bien travaillé ensemble sans avoir eu de sérieux désaccords. Thouville a eu quelques difficultés avec des maquisards du fait qu’il était capitaine de l’armée régulière et Saint-Cyrien; la plus part d’entre eux étaient des civils et communistes. Par son courage et son talent il a su gagner la confiance totale de tous.

Thouville a tout le temps fait un travail réellement remarquable. Si une décoration américaine doit être donnée à des membres français des équipes Jedburgh, je souhaite vivement que Thouville soit l’un d’eux.

Si pour recevoir une décoraton américaine il est nécessaire d’avoir été directement sous les ordres des forces américaines il faut signaler que tout ce qui concerne le V-4 a été envoyé en premier à l’OSS et par conséquent au Bureau américain de Renseignements du SHAEF. Le véritable nom de Thouville est : capitaine René de la Tousche, son adresse militaire actuelle puisqu’il a rejoint Rac: Brigade Rac, FFI Charente Inférieure, France.

Lorsque le Jed eut achevé sa mission, le capitaine Thouville prit la direction du 3e bureau (opérations) de la Brigade Rac, cependant qu'Alsop et Franklin regagnaient l'Angleterre.

Que sont-ils devenus ? : 
Stewart Alsop est décédé en 1973 .
Pour sa contribution au Team : Officier de la Légion d’Honneur
René de la Tousche dit Richard Thouville est décédé le 15 janvier 2003. Pour sa contribution au Team :
Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 29 mars 2002. Citation à l’ordre de l’armée. Mention dans les rapports officiels (décernée par le Roi George VI d’Angleterre)

Dick Franklin décède en mai 2016. Pour sa contribution au Team : Officier de la Légion d’Honneur 14 juillet 2013.


Sources:
Rapport du debriefng d’Alsop et de Franklin à leur retour de mission au Quarter Général de l’OSS à Paris. Richard Thouville (René de la Tousche) ayant été rapidement débriefé par le Colonel Carleton Smith au Quarter Général de Rac à Saint- Porchaire.

Histoire de ce livret par Alain de la Tousche

J’ai rarement entendu parler des Jed’s. , J’ai réentendu parler lorqu’ils se sont retrouvés sur les plages du débarquement en 1994… Mais toujours sans trop de détails,
Ayant beaucoup de temps libre, fin de l’été 2001, je me suis mis àffectuer des recherches sur les Jed’s… Mes premières recherches m’ont permis d’en savoir un peu plus sur « Eux »… Je montre mes travaux à Papa qui me dit alors: «… c’est bien… je suis content que tu t’intéresses à ça... » J’ai donc poussé mes recherches plus à fond, envoyant des mails à droite et à gauche pour essayer d’obtenir des renseignements. Sur un site Américain, je suis tombé sur une Associaton Jed’s présidée par le général Singlaub. Et quelques semaines plus tard, j’ai l’heureuse surprise d’avoir un message :
« … je m’appelle Dick Franklin, Singlaub m’a écrit me disant que tu es un des fils de René et que tu cherches des informations sur les Jed’s, j’étais le radio du team Alexander... ».

Il me donne quelques renseignements et me parle de son livre... Je lui demande donc où je peux le trouver et me répond: « ...je te l’enverrai par le net… ». Il a de multiples actvitiés et met un long moment à me l’envoyer par téléchargement…

Cela ne m’a pas freiné dans mes recherches… Début 2002, je tombe sur un site Anglais, j’envoie un mail pour demander comment obtenir et à quel prix les documents qu’ils possèdent sur l’équipe Alexander. Je reçois un mail me faisant savoir que je vais recevoir très prochainement les documents et que cela m’est offert gracieusement… J’ai bien reçu l’envoi et je découvre alors qu’il s’agit de la photocopie du Rapport d’Opération d’Alexander... Je mets un moment pour le traduire et j’ai fini quelques jours avant que Papa reçoive, des mains de Monsieur de Schonen, la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur. Il n’a pas pu la lire tout de suite, ce n’est que quelques temps après que j’ai reçu un coup de téléphone de Maman
« … Papa a lu avec intérêt ton document et trouve que tu l’as très bien traduit...».
L’été 2002, allant le voir à Saint Sever, je lui montre ceux que j’ai reçus du Mémorial de Caen .
« ...tu as fait un bon travail… quand tu viendras à Paris, je te montrerais ceux que j’ai et tu seras le premier à les voir… ».
Quelle joie !… quelle ferté !…. Moi qui n’avais jamais porté beaucoup d’intérêt aux questons militaires jusque là, j’allais avoir le « privilège » que Papa me parle de cette période, chose qu’il n’avait jamais fait auparavant. En lisant la traduction du Rapport de Mission, Maman m’a dit avoir découvert pas mal de points dont Papa ne lui avait jamais parlé.
Cela n’a jamais pu être réalisé, lui, de plus en plus malade… moi, pris par des engagements… et Papa s’est éteint le 15 janvier 2003…

Alain de la Tousche





Octobre 2012 : Dick Franklin et Elizabeth Winthrop Alsop, la fille de Stewart Alsop



Dick Franklin et Gaël de Maysonneuve le Consul General de France.
Photo prise le 30 Mai 2013 à Miami, dans l'auditorium du George Washington Carver Middle School. 

A lire également :

L'accès aux archives des services secrets américains par Stewart Alsop lui permit d'écrire, en tandem avec Thomas Braden, universitaire et journaliste, « Sub Rosa » (1946) traduit de l'américain par Paule Ravenel sous le titre « O.S.S. l'Amérique et l'espionage » (1964), Ed. Fayard, dans lequel un chapitre est réservé aud Jedburgh en en particulier à la Brigade Rac.

Mais Alsop n'avait pas oublié la France, l'occupation, la Résistance, les maquis et ses amis. Le 28 juillet 1964 dans le " Saturday Evening Post ", il écrivait un article sous le titre " Remembering Rac " (lien)   Version in English (link)


Inauguration de la stèle à Rac et ses bataillons - Périgueux le 21 octobre 2017

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Rédigé par Alan dans la rubrique ‌Brigade RacÉvènement



Inauguration de la stèle "RAC et ses bataillons"
au Rond Point de Beauronne, Chemin de Saltgourde,
en souvenir de l'action des maquis Dordogne Nord lors de la libération de Périgueux.

Samedi 21 octobre 2017 à 10h


Photos de l'inauguration de la stèle à la brigade Rac à Périgueux

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacLieu de mémoire

Un grand merci à Marc Delage pour avoir eu la gentillesse de partager quelques photos de l'inauguration de la stèle en mémoire à Rac et ses trois bataillons.

Inaugurée le 21 octobre 2017 au Rond Point de Beauronne, Chemin de Saltgourde, (en direction  d'Angoulême en partant de Périgueux), en mémoire de l'action des maquis Dordogne Nord lors de la libération de Périgueux.





La stèle, sculptée par Maryse Labattu de la pierre de Paussac



Debout, Michèle Cézard, la fille du col Rac
et assis, Marcel Belly, ancien combattant de la brigade Rac de Javerlhac


Michèle Cézard avec René Dupont et Marcel Belly après l'inauguration

Les Saboteurs de l'Ombre : France 3 Nouvelle-Aquitaine le lundi 30 octobre 2017

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Rédigé par Marie Nancy dans la rubrique Section Spéciale de SabotageMédia et cinéma

J'ai le ​plaisir de vous informer que, suite à de nombreuses demandes du public, France 3 a décidé de rediffuser le film : "Les Saboteurs de l'Ombre et de La Lumière", que j'ai réalisé sur le parcours de résistant de mon oncle, le capitaine Jacques Nancy et de son unité d'élite de saboteurs

Le lundi 30 octobre après le Grand Soir 3 sur le Canal France 3 Nouvelle-Aquitaine 
(voir les canaux de diffusion à programmer suivant votre marque de box).

Bonne projection !

Extrait du livre Royan 39-45 Tome II Libération par Marie-Anne Bouchet-Roy 
Editions Bonne Anse (2017) :









Jean Monmoulineix dit "Tarzan" de la 4e Cie Brigade RAC

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacPortrait

Un grand merci à Madame Monmoulineix, l'épouse de Jean Monmoulineix dit "Tarzan" originaire de Saint-Pardoux-la-Rivière, pour avoir eu la gentillesse de partager l'histoire de son mari et des documents avec nous. Merci également à Marc Delage, le fils de Paul Delage, ancien de l'AS Saint-Pardoux-la-Rivière pour son aide avec cet article.

Dès ses 18 ans, Jean Monmouliniex a rejoint les FFI avec lesquelles il a participé à de nombreaux engagements tout au long de l'année 1944.

Courageux et téméraire il s'est particulièrement distingué le 14 août 1944 dans la région du Puy de Fourches où après s'être emparé d'un fusil mitrailleur, il a abattu plusieurs ennemis, neutralisé un canon de 37 ainsi qu'une mitrailleuse lourde.

Cette action d'eclat lui a valu d'être cité à l'ordre de la Division et comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile d'Argent.


Photo d'un groupe de l'AS de Saint-Pardoux-la-Rivière et de Saint-Front-la-Rivière :
Septembre 1944 à Vouillac à coté de Saujon
Debout en partant de la gauche :
Robert Juge, ?, ?, Jean Juge (frère de Robert), Marcel Gorre,  Eugène Grandcoin, Marcel Hardy, Lili Darfeuille, ?, Jean Monmoulineix, ? .
Accroupi en partant de la gauche :
Paul Delage, Maurice Ducourtieux, ? , Gabriel Dogneton, Michel Laramé

Le 1er décembre 1944, il souscrivait un engagement volontaire pour la durée de la guerre au titre du 50° R.I. et, était affecté à la brigade RAC avec laquelle il a de nombreux engagements sur le Front de l'Atlantique ainsi qu'à la libération de la ville de Royan.
Jean Monmoulineix

Il était titulaire de la Croix de Guerre 39/45, de la Croix du Combattant Volontaire, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, de la Croix du Combattant et de la Médaille de Reconnaissance de la Nation avec barette 1939/45.

Après la guerre il possédait avec son épouse Georgette (originaire de la commune de "Champ Romain" au lieu dit" La Forge") une épicerie et fessait des tournées avec un camion dans les campagnes.

Voici quelques documents sur Jean Monmoulineix, (inscrit Maurice lors de sa naissance, par son père Maurice lui aussi, il y a eu une erreur à l' enregistrement, on l'a toujours appelé Jean).





A droite - Jean Monmoulineix, 2ème en partant de la gauche - Paul Delage

Périgueux : Inauguration de la stèle à la Brigade RAC - discours de Pierre Thibaud

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacLieu de mémoire

Discours prononcé par Pierre Thibaud à l'inauguration de la stèle « RAC et ses trois bataillons » le 21 octobre 2017 au roundpoint Beauronne-RAC, Périgueux.




Pierre Thibaud - co/président de l’Amicale de la Résistance
Bataillon Violette - Brigade RAC - 50ème RI


Nous sommes heureux et honorés que des parents proches des acteurs directs des réseaux Dordogne Nord se soient à nous ce matin : Michèle Cézard, fille de RAC, Christine Corre-Macquin, fille de René Tallet, dit « Violette », Jean-Louis Tallet, notre vice-président, neveu de Violette et plusieurs membres de leur famille, Emmanuel Dutheillet de Lamothe, petit fils de « Fred » et Dominique Sardin-d'Enjoy, son gendre, notre ancien président, Jacques Meredieu, notre co-président, fils d’Abbel, dit « Papa », Geoffroy Tenant de la Tour, fils de Philippe, dit « Marie-Antoinette », Françoise Goulandris-Papon, fille de « Phiphi Papon », tous participants majeurs de ces longues et difficiles pages d’histoire. Nous saluons René Tigoulet, de Saint-Yriex, qui nous a rejoint, et qui a été blessé sur les hauteurs de Champcevinel par les Cosaques à cheval que nous évoquerons dans un instant. Et d’autres peut-être, d’autres bataillons, que nous ne connaissons pas et que nous serions heureux de rencontrer lors du moment d’amitié qui suivra cette cérémonie.
Chers Amis
Le destin de la Dordogne et de la ville de Périgueux durant la seconde guerre mondiale, au-delà des contrainteset des drames inhérents à toutes les régions de France durant ces années de plomb, fut un destin singulier à beaucoup d’égards. Au lendemain de la déclaration de guerre à l’Allemagne, conjointement par la France et l’Angleterre, le 3 septembre 1939, le département reçoit quelque 80 000 alsaciens répartis dans tout le département. Les services administratifs de la mairie de Strasbourg s’installent à Périgueux, l’hôpital de Strasbourg prend place à la cité de Clairvivre où il officiera pendant toute la durée de la guerre. Des milliers de ces alsaciens-lorrains resteront encore en Dordogne au moment où l’Etat français, le 1er août 1940, les invitera à rejoindre leur région d’origine après la signature de l’armistice du 22 juin. Parmi ces alsaciens et ces lorrains, une communauté de quelque 3000 Juifs prenait pied en Dordogne. L’incidence de cet apport de population fut sensible : parmi eux beaucoup rejoindront la Résistance quand l’ensemble de la Dordogne devint zone occupée, à partir de novembre 1942.
Fin 1940 et début 1941, les premiers actes de cette résistance, qui ne portait pas encore son nom, sont le fait de personnalités géographiquement isolées, dans le Nontronnais, en Bergeracois, en lien avec les embryons de réseaux de De Gaulle et de l’armée britannique. Celles et ceux qui les animent par l’édition de tracts et de publications clandestines, se retrouveront pour la plupart impliqués dans la lutte active à l’heure venue des sabotages, des coups de mains contre les exactions de l’ennemi.
Les maquis de l’armée secrète, l’AS, d’obédience gaulliste sont les plus nombreux. Ils serontrejointssur le terrainà partir de juillet 1942 par les FTP, Francs tireurs et partisans, proches du Parti communiste et en début d’année 1943 par les membres de l’O.R.A., l’Organisation de résistance de l’Armée, dans la mouvance du général Giraud.
En Dordogne le premier semestre de 1944 marqua l’apogée sanglante de la terreur pour la population et les maquisards, parmi lesquels de nombreux jeunes réfractaires au service du travail obligatoire, le STO. Aux troupes d’occupation, se sont jointes les hordes sauvages des SS de la division Bremer, de la division Das Reich ou d’éléments épars et tout aussi cruels venus du Limousin. Nous connaissons le chapelet sanglant des suppliciés du printemps et de l’été 44 en Dordogne : sans les citer tous, rappelons, en février, les destins foudroyés des jeunes recrues de l’AS Lanouaille-Sarlande-Payzac, massacrés au moulin du Pont Lasveyrasà Beyssenac, les fusillés de Brantôme exhumés des prisons de Limoges, l’exécutions des Georgiens déserteurs de l’armée Allemande, de celle des MOI, soldats étrangers dits de la main d’œuvre immigrée, des fusillés juifs et communistes des Rivières Basses à Saint-Pierre de Chignac, le martyr des juifs de La Bachellerie et de Sainte-Orse, l’incendie et la destruction de Rouffignac, les femmes et enfants brulés vifs à Rouffillac-Carlux, les otages fusillés de Mussidan, la destruction de Mouleydier, le massacre de résistants FTP, venus soutenir l’AS Roland, et de civils à Saint-Germain du Salembre, fin juillet…
Le débarquement des troupes alliées en Normandie, le 6 juin 1944, n’a pas entamé la violente détermination des troupes allemandes contre la France et principalement contre la Résistance. Mais les nazis et leurs sombres alliés français de la milice et de la collaboration d’Etat redoutent la force sans cesse grandissante des maquis désormais structurés au niveau national et régional. Devant la multiplication des unités de la résistance et la difficulté de présenter un front commun d’attaque, les principales organisations de maquis se sont rapprochées au sein des FFI, les Forces Françaises de l’Intérieur, à partir du 1er février 1944. En Dordogne, s’est réuni au mois de juin à Coulouniers puis à Breuilh, un état major FFI composé d’une douzaine de personnalités de l’AS, de FTP et de l’ORA. Le communiste Roger Ranoux, dit « Hercule » et l’instituteur de Sainte-Alvère, René Boillet, dit « Gisèle » pour l’AS, exercent la direction départementale et définissent des secteurs géographiques et les enjeux stratégiques.
Au cœur de l’été arrive à tous les quartiers généraux FFI la nouvelle du débarquement allié en Provence, les 15 et 16 août. Cette opération a pour effet immédiat d’entrainer un repli des troupes allemandes, forcées par un ordre d’Hitler d’abandonner le Sud de la France pour renforcer les régiments en difficulté à l’Ouest et au Nord. Quelques jours avant que cet ordre général du repli arrive au commandement allemand de Périgueux, de nouvelles et terribles exactions sont localement commises par les troupes nazies. A Eyliac, le 16 août, 18 maquisards du groupe Mercédès, de l’AS, sont exécutés. A Périgueux, un ordre attribué au général Arndt, se traduit du 13 au 17 par l’exécution de plus de 40 prisonniers de la prison du 35ème régiment d’artillerie, quartier Saint-Georges. Quarante résistants de tous bords, de tous âges, juifs, prisonniers politiques…
Quelques semaines avant cette effervescence sanglante, l’état major FFI avait préparé une logistique d’encerclement de la ville qui organisait la prise en étau des unités allemandes occupant Périgueux. Il s’agissait principalement de déloger le redoutable 360 ème Régiment de grenadiers cosaques, commandé par l’EsthonienEwertvonRenteln, assisté d’une unité non moins violente de la phalange nord-africaine.
Les unités de l’AS Dordogne Nord ont été principalement désignées pour encercler par le nord et l’ouest la ville avant d’investir le centre ville, alors que d’autres unités issues de tous les mouvements, dont deux bataillons FTP, cerneraient la ville sur les collines environnantes et bloqueraient les accès routiers et ferroviaires vers Bordeaux. Plus de 8000 combattants de l’armée des ombres étaient sur le pied de guerre.
Les maquis de Dordogne Nord, désormais très fournis en armes grâce aux parachutages alliés, apparaissent très aguerris, entrainés sur le front combattant de la résistance depuis de longs mois. Sur plus de 80 kms, ils sont des milliers, issus des maquis courant dans les bois, les hameaux et les fermes du Nord Dordogne, du Nontronnais jusqu’aux lisières corréziennes de Payzac et Saint-Cyr-les-Champagnes. Le résistant et futur grand journaliste politique Pierre Sainderichin les décrit comme « les piliers de la Résistance armée, noyau de la toute première heure de l’AS en nord-Dordogne ». Ils semblent alors les plus aptes à se jeter aux avant postes de ce qui aurait pu devenir « la bataille de Périgueux ».
A leur tête se trouve Rodolphe Cézard, dit jadis « Rudy », puis « Collet », puis « Christian » et enfin comme RAC, en référence au petit chien combattif du journal pour enfants, à qui on ajouta sur le fanion la devise « J’attaque ». Ce militaire Lorrain a été désigné comme chef du secteur Nord de l’AS en avril 1943 par Charles Serre, dont il est l’adjoint. Serre, actif depuis 1941, est notaire à Champagnac de Belair. Personnalité issue du mouvement gaulliste Combat, il est un des créateurs historiques du mouvement Libération en Dordogne. Au moment où il transmet le pouvoir à Cezard, il se sent menacé et rejoindra par la suite Paris pour continuer le combat plus à l’abri. C’est pourtant là qu’il sera arrêté sur dénonciation et déporté en camp de concentration ainsi que sa femme Charlotte.
La nomination de Cézard a été acceptée à l’unanimité. La suite des évènements révèlera de la part de ce chef une aptitude exceptionnelle dans la gestion et l’organisation tactique des 5000 hommes qui finiront sous ses ordres. En lien avec l’état major FFI, il a partagé l’attaque sur Périgueux entre les trois bataillons qu’il contrôle. Le premier bataillon est commandé par Robert Dupuy, officier de gendarmerie. En Nontronnais, il s’est mis dans les pas du maitre d’école franc-maçon Raymond Boucharel, un temps amoindri par ses innombrables actions de terrain. Le bataillon de Dupuy restera pour sa majeure partie en défense près de Nontron, mais RAC détache deux de ses compagnies pour renforcer le deuxième bataillon. Celui-ci, centré sur Thiviers et la Coquille, est dirigé par l’aviateur lorrain Roger Vieugeot. Il déroulera son avancée par l’ouest, via Brantôme et Puy de Fourche. Il est convenu d’une jonction avec les éléments du 3ème bataillon, du secteur de Lanouaille, commandé par l’ancien pilote de chasse de Sarlande, René Tallet, dit Violette, figure tutélaire du maquis de Dordogne Nord. Avec ses hommes, il ralliera Périgueux par la voie de Thiviers, se dédoublant vers Agonac et Champcevinel, jusque dans le secteur du Pont de Beauronne, passage obligé pour Bordeaux et Angoulême, nœud gordien du territoire, aussi bien pour les Allemands que pour le maquis. Par là, ils seront épaulés, par les compagnies AS Roland et Roger, arrivant de l’ouest et de l’est dans la ligne de la route nationale 89 et appelées à maitriser ces voies d’arrivées et d’échappée possibles des Allemands.
L’ensemble de ces troupes se met en ordre de marche vers Périgueux à partir du 15 août. Dès heurts éclatent le jour même avec des unités allemandes lourdement armées, comme à Sencenac-Puy de Fourche où des résistants sont martyrisés et tués alors que tout le village oppose une résistance héroïque à l’ennemi. Farouche combat, qui durera jusqu’à la nuit et se prolongera dans la journée du 16, avec la mort de plus de cents soldats ennemis. Dans le quartier du Toulon et dans les parages des ateliers SNCF, les Allemands font feu sur le maquis avec des armes lourdes. Le Pont de Beauronne, où nous sommes aujourd’hui, nerf de la circulation des hommes et des véhicules, est tenu par l’artillerie allemande. Attaqué par les hommes de la 5ème compagnie le 16, Il sera neutralisé le 19 août avant midi, une ultime dernière poche de défense ennemie qui y résistait encore est neutralisée. Dans ce même secteur, René Spack, autre lorrain réfugié en Dordogne, militaire de choc en tête du corps Franc de Violette, fera subir de lourdes pertes aux Allemands. Dans le chemin de Saltegourde, devant nous, une trentaine de combattants ont pendant plusieurs jours riposté avec leurs fusils mitrailleurs aux tirs allemands d’un canon posté sur un fortin au Toulon. La tradition orale du Gour de l’Arche a rapporté que ce sont les enfants du voisinage, futés et discrets, qui les alimentaient en vivre et en boisson. A la périphérie et aux entrées de Périgueux, de sérieux accrochages se sont multipliés : à Chancelade, sur les hauteurs de Champcevinel, de Chamiers, et beaucoup plus loin, à l’est, à La Roquette et à Cubjac. Là, une centaine de maquis du groupe « Mercédes » ont retardé rageusement des unités allemandes, au prix de lourdes pertes.
Dans ce qui ressemble à l’amorce d’une bataille de longue durée, l’ordre donné le 18 août au commandement allemand d’évacuer dès le lendemain la ville et se replier vers Bordeaux changera la donne de cette avance armée sur Périgueux et de la prise en tenaille de la cité. Il semble aujourd’hui probable qu’une mission fut alors engagée par le préfet et la Police auprès de l’état major FFI et des autorités allemandes pour éviter le pire à la ville. Selon un témoignage recueilli le jour même par Pierre Sainderichin, le commandement allemand aurait affirmé dans un ultimatum qu’il « mettrait le feu à la ville si un seul coup de feu était tiré ». L’agent de liaison originaire de Terrasson, René Larivière, attestera de son côté avoir transmis les modalités de ces tractations auprès des différents corps FFI engagés dans le combat. Quels qu’en fussent les termes, il s’en suivit que le 19 août au matin, les allemands quittèrent peu à peu la ville, sans subir d’attaque. Ils sont apparus finalement peu armés, tant le maquis avait déjà fait de dégâts sur leur appareil militaire. A la caserne du 35ème régiment d’artillerie, il est rapporté que ce sont les soldats allemands qui libèrent au moment de leur départ les prisonniers encore détenus dans leur sinistre geôle et qui avaient échappé aux exécutions sommaires des jours précédents. Comme à Beauronne le matin, des éléments isolés de la garnison allemande s’opposeront pourtant sporadiquement aux maquis, qui investissent peu à peu et sans encombre la ville dès l’après-midi.
En fin de journée, sous la pluie battante et l’orage, Abel Meredieu, précieux élément du groupe RAC, dévolu aux transmissions, pénètre en éclaireur dans l’Hôtel de Ville quasi désert. Dans son avancé, il récupèrera des soldats allemands égarés, qui ont abandonné le combat et leur garnison. Il les remettra sans tapage aux autorités. Meredieu et l’ensemble des hommes de RAC et des résistants qui investirent Périgueux refusèrent les vengeances violentes et aveugles. Dans la soirée, Jean Courant, commandant la 9ème compagnie, très impatient d’en finir avec l’autorité de Vichy décide, sans ordre donné, de se rendre à la préfecture avec deux de ses hommes. Le préfet Calard, solitaire dans son bureau, les accueille courtoisement, et leur adjoint de suivre jusqu’au bout les consignes de retenue envers les Allemands.
Des groupes de maquisards s’installent dans le pavillon luxueux au bas de la Route de Paris, abandonné par la Milice en fuite, ainsi qu’à l’Hôtel Domino, place Francheville, où la Kommandantur et la Gestapo avait fait leurs quartiers généraux, alors que les patrons, liés à l’AS, réussissaient à cacher quotidiennement des résistants dans leurs caves, au nez et à la barbe de l’occupant. Violette et l’essentiel de son bataillon s’installent dans les ateliers et dans la gare SNCF, se tenant prêts à intervenir, en cas d’un revirement de la situation. violette est entouré de ses fidèles et indispensables adjoints dans cette opération à haut risques : Fred Dutheillet de Lamothe, saboteur, plus tard chroniqueur de toute l’aventure de son bataillon, le chef d’état major Charles Sarlandie, stratège écouté de tous, ou encore l’officier de carrière Paul Selvez, intendant à Clairvivre depuis la guerre, toujours prêt à l’offensive l’arme à la main, adulé par ses hommes. Le lendemain 20 août, des scènes de joie et des défilés dans les rues de Périgueux marquent la délivrance de la ville du joug nazi. RAC a fait placarder dans Périgueux une affiche déclarant la ville totalement libérée mais ne cachant pas un sentiment de réprobation par rapport à certaines manifestations de gloriole qu’il juge déplacées. S’adressant à la population, il affirme : « Nos hommes qui se battent depuis des mois restent vigilants à leurs postes de combat, à l’extérieur de la ville. Nos troupes ne sont pas des troupes de parade. Nous entendons assurer la sécurité de la ville dans l’ordre et la légalité. Que chacun d’entre vous nous seconde dans cette tache »  
Le même jour, Saint-Astier, à quinze kilomètres de là, connait les affres de la violence criminelle et de la cruauté sanguinaire d’unités nazis sur le repli. Le lendemain matin, alertés, Violette et ses hommes, infatigables, décident en représailles de doubler et de coincer à hauteur du Pizou une colonne allemande ayant participé aux évènements de Saint-Astier. Ils y parviennent en partie, mais le généreux capitaine Selvez perd la vie en sauvant un camarade. Huit autres maquisards de Dordogne-Nord tomberont. Ce fut la dernière bataille de la Résistance en Dordogne. Après Périgueux et le Pizou, les 3 bataillons de RAC entameront la longue et douloureuse route de la libération des villes encore tenues par l’ennemi : Cognac, Angoulême, Saintes, les poches de l’Atlantique avec Royan et l’Île d’Oléron, libérée le 30 avril 1945, à quelques jours de la cessation unilatérale des combats en Europe, le 8 mai. L’épopée du maquis de Dordogne Nord s’achevait sur les plages de l’île. Les marées du temps qui passe aurait pu tout faire oublier. Un chapelet de stèles érigées au fil des années dans tous ces lieux sont les vigiles mémoriels de tous ces combats libérateurs.
Restons une seconde de plus sur notre Pont de Beauronne. Le combat qui le délivra de la mitraille allemande y fut parfois rude. Pour les plus jeunes des maquisards, ce fut sans doute le baptême du feu. L’abbé Georges Julien, alias l’historien Georges Rocal, de Saint-Saud, aumônier des bataillons RAC, était à leurs côtés. Un des plus jeunes, Guy, craignant sans doute la mort, demanda la confession. L’abbé la lui donna entre deux rafales. Guy, comme ses camarades, en réchappera. Une semaine plus tard, en route vers les Charentes, il fut pris dans une violente attaque allemande à Mouthiers sur Boëme. Il s’effondrera mortellement touché, alors qu’avec ses camarades il s’interposait entre l’ennemi et deux institutrices repliées avec leurs élèves dans un moulin.
A l’heure des bilans, on considère qu’en Dordogne, 1500 maquisards et civils ont perdu la vie durant cette guerre, et tout autant de Juifs, exécutés sur place ou morts en camps.
***
Pour conclure cet essai d’évocation, forcément partielle, confions les mots de la fin à Philppe Papon, résistant fraternel et vindicatif, adjoint de Jean Courant dans la 9ème compagnie du Bataillon Violette, régulièrement aux avants postes dans cette avancée sur Périgueux :
« Phiphi » Papon, de Thiviers, conclue ainsi ses « Mémoires d’un Maquisard » :
« Je dois admettre que si c’était à refaire, je reprendrai certainement le même trajet, sans pouvoir rester indifférent face à une idéologie aussi destructrice que celle des nazis. Les enfants qui nous suivent attendent de nous l’héroïsme et le sacrifice qui leur permettront de vivre libres. Si je n’avais pas eu ce parcours, il aurait manqué à ma vie la connaissance de cette fraternité qui ne pousse que dans la misère et le danger et qui, le temps d’un combat, fit de nous des égaux.»

Pierre Thibaud - co/président de l’Amicale de la Résistance Bataillon Violette-Brigade RAC-50ème RI Inauguration de la Stèle « RAC et ses bataillons », Libération de Périgueux 19 août 1944
Périgueux, Rondpoint Beauronne-RAC 21 octobre 2017 à 10 heures



Photos de l'inauguration prises par Marc Delage (lien)


Théobald de Vigneral - officier de la Brigade Rac

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Rédigé par Alan dans la rubrique  Brigade RacPortrait

Voici un extrait du Bulletin de Liaison des Amicales Rac et 50e R.I. - Numéro 6 : Oct. Nov. 1979

Portrait : Théobald de Vigneral

Si nous parlons aujourd'hui du Chef d'Escadron de réserve Théobald de Vigneral, né le 22 avril 1907 à Bernières d'Ailly dans le Calvados, c'est qu'il a été l'un des brillants officiers du groupe d'artillerie de la Brigade Rac, formation dont nous ne sommes pas peu fiers.

Théobald de Vigneral
Incorporé en 1929, Sous-Lieutenant de réserve en 1933, mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant, démobilisé en 1940, rejoint les FFI le 16 juillet 1944 (EM de l'AS5 Dordogne-Nord) affecté au groupe d'artillerie, Capitaine le 16 octobre 1944, Cdt de la Cie de Canons du 50ème R.I. le 26 mars 1945, affecté 12ème RAD le 26 juin 1945, homologué dans son grade, Capitaine de réserve du 25 août 1947 et chef d'escadron du 1 octobre 1953, admis à l'honorariat le 22 avril 1966.

Théodore de Vigneral est Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 39/45 avec trois citations (à l'ordre du régiment du 27 juin 1940, à l'ordre du régiment du 15 juillet 1940, à l'ordre de la brigade du 7 mai 1945).

Nous extrayons de ces textes : « le 17 mai 1940 surpris par les engins ennemis, met sa section en batterie et détruit lui-même un char allemand. Réussit à se dégager et à ramener les pièces dans nos lignes ».

Avant de rejoindre officiellement nos rangs, Th. de Vigneral était en contact avec les responsables du secteur de Thiviers. Son comportement était empreint de la plus grande discrétion. Il reconnaissait Rac pour le voir régulièrement à Razac, venir deux ou trois fois par semaine, y chercher qualques litres de lait pour ses enfants. Il savaient l'un et l'autre qu'un jour ils feraient plus amples connaissance.

C'est chez lui, au château de Razac, que la Mission Alexander (tombait du ciel) a rempli sa mission. Les Capitaines Alsop et Thouville (René de la Tousche), le sergent Franklin ont envoyé leurs messages en Angleterre, pendant quelques trois semaines au nez et à la barbe de l'occupant.

Le Jedburgh auquel s'était joint E. de Balincourt n'a pas oublié l'accueil chaleureux de la famille de Vigneral.

Le château de Razac pendant les années 50



Maquis Bir Hacheim, Nouveaux témoignages Livre de Jacky Brun.

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Rédigé par Tony dans la rubrique Document et livreMaquis Bir Hacheim

Le maquis Bir Hacheim, nouveaux témoignages de Jacky Brun.

Un récit émouvant et dur à la fois, enrichi de photos, de documents et lettres d'époque.

Un excellent livre sur le maquis Bir Hacheim avec de nouveaux témoignages, preuves de courage et d'abnégation de celles et ceux qui ont fait ce maquis ainsi qu'une biographie du Capitaine Rogez. 

Ouvrage passionnant à lire et à relire. 

Points de vente : 

MONTEMBŒUF : Bibliothéque et café de la mairie. 
MASSIGNAC : Office de tourisme. 
MONTBRON : Office de tourisme et intermarché. 
LA ROCHEFOUCAULD : Office de tourisme et centre leclerc. 
CHASSENEUIL : Librairie THIERRY et point presse. 
ANGOULÊME : Librairie L.C.L.

Disponible au tarif de 15 €. 


A lire également : 
Le maquis Bir Hacheim, des histoires méconnues de Jacky Brun (lien)

Photos de reconstitution en Charente avec l'association "LA MEMOIRE DE NOS PERES"

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Rédigé par Tony

Sur invitation de Norbert Brulaud et son association "LA MEMOIRE DE NOS PERES" (voir carte de visite ci-jointe), j'ai eu la chance de participer à une journée de reconstitution le samedi 23 Septembre en Charente. 

Le rassemblement était un rendez vous sur 3 jours où plusieurs membres avec leurs tenues de maquisards et d'allemands ainsi qu'un véhicule Peugeot 402 FFI et bien sûr tout ce qu'il fallait pour vivre comme à cette époque (tentes, couchages, gamelles, toilettes, cantine, infirmerie etc...). 

Plusieurs scènes ont été reconstituées sur ce séjour avec des contrôles de personnes par les allemands sur une ligne de démarcation, des attaques d'allemands par des maquisards, des arrestations de maquisards etc...

Je remercie Norbert, Alain, Olivier et tous les participants qui m'ont permis de passer une belle après-midi en leur compagnie ainsi que pour leur accueil et leur gentillesse.





































André Delage - Résistance en Dordogne et le réseau Nestor-Digger

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Rédigé par Alan dans la rubrique Portrait

Tous nos remerciements à Patrick Lambert pour avoir eu la gentillesse de partager des photos et des renseignements sur le parcours de son grand-père André Delage dans la Résistance en Dordogne, le réseau Nestor-Digger et la poche de l'Atlantique.


André Delage est accroupi en bas à gauche.
Les hommes sont armés de Sten et on remarque un FM Bren au centre. 
Photo prise fin 1944 avant le départ pour la poche de l’Atlantique


                                                         André Delage est  troisième en partant de la droite



André Delage est à l’extrême gauche de la photo.
Il est engagé dans le maquis après 15 ans d'armée à Angoulême


                            André Delage est accroupi au centre 

André Delage était militaire de carrière au grade de Maréchal des logis chef (sergent chef) au 405 RADCA (Régiment d’artillerie Anti Aérienne) au début de la guerre et il est entré dans la résistance alors qu’il habitait la ville de Brantôme.


André Delage à La Rochelle en 1945



Patrick m'a dit qu'il semble y avoir un tampon “ VALMY “ sur sa carte de l’amicale Nestor 



Stèle au marin volontaire Jacques Lacombe et la Brigade Rac : Arvert (17)

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacLieu de mémoire

Photo partagée par Michèle Cézard, la fille du colonel Rac de la stèle d'Arvert, rue des Tilleuls, en hommage à Jacques Lacombe, marin volontaire tombé le 16 avril 1945 et plaque en reconnaisance aux combattants de la Brigade Rac (50e R.I.) qui delivrerent la région les 16 - 17 et 18 avril 1945 sous les ordres du colonel R. Cézard dit Rac.


Les chemins de la liberté (lien)

Le Mur des Fusillés à Périgueux

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Rédigé par Alan dans la rubrique Lieu de mémoire
Photos partagées par Marc Delage

Le Mur des Fusillés est dans le quartier Saint Georges, rue du 5ème régiment de chasseurs, Périgueux, en bordant la voie ferrée. Pour visiter le Mur des Fusillés il faut garer la voiture au cimetière à coté, et aller à pied, environ 200m, le long du mur. Puis quand on arrive à la plaque noire sur le mur, il y a à coté une porte en fer, il faut pousser la porte et descendre les escaliers, on arrive dans l'enceinte d'une cour de l'ancienne caserne Daumesnil et là on découvre la grande statue sculptée avec les noms des fusillés.

Un hommage est rendu chaque 19 août, jour de la Libération de Périgueux, aux 45 victimes tombés sous les balles nazies.









Sur le Mur des Fusillés figurent les 45 noms suivant :

Exécuté le 5 juin 1944 :
André Lerouge, dit Leblanc, 30 ans. (C'est le nom de A. Leblanc qui figure sur le monument)

Exécutés le 19 juin 1944 :
Gérard Thurmel, 26 ans et son frère
Gabriel Thurmel, 28 ans, tous les deux de la Garnerie, commune de Beleymas.
Octave Tremoulet, 21 ans, de Fleurance (Gers)
Yvan Rey, 20 ans, de Périgueux.

Exécutés le 12 août 1944 :
Emile Camil, 56 ans, originaire de la Corrèze
Alphonse Flieg, 28 ans, du Haut-Rhin, réfugié à Neuvic
Marcel Lespine, 26 ans, de Razac-sur-l'Isle
Georges Mazeau, 25 ans, de Brantôme
Rolf Warnier, dit "La Duchesse" née au Luxembourg
Pierre Lacueille, 37 ans, de Périgueux
Charles-Louis Mangold, dit Brossard, dit Vernois, 53 ans, réfugié a Périgueux
René-Charles Michel, 43 ans, de Périgueux
Auguste-Lucien Vergnolle, 32 ans, de Verteillac (plus d'info ci-dessous)
Michel Robert, 31 ans, de Périgueux
Georges Lecointe, 42 ans, de Notre Dame de Sanilhac
Robert Massip, 41 ans, de Chancelade
Moise Rubinsaft, dit Radout, 46 ans, de Périgueux
Marco Eskenazi, 48 ans, de Périgueux
Martin Kornblit, 28 ans, de Périgueux
Abraham Skrypeck, 45 ans, domicilié à Périgueux
Jacques Lebovic, 48 ans, de Périgueux
Abraham Tartakowski, 46 ans, de Strasbourg
Auguste Dagbert, dit "Boulogne", 46 ans, de Boulogne sur mer
Belle (sans autre renseignement)
Alfred Salle, 44 ans, de Périgueux
Louis Chevalier, 31 ans, du detachement FTP de Hercule, de Montignac
Serge Baptiste, 16 ans, de Périgueux
Gérard Talaucher, 23 ans, de Razac-sur-l'Isle

Exécuté le 14 août 1944 :
Jean Maxime Ponceau, 18 ans, de Périgueux

Exécuté le 16 août 1944 :
Elie Chatelier, dit Chastaing, 30 ans, de Périgueux

Exécutés le 17 août 1944 :
Jacques Pomier, 16 ans, de Périgueux
Roland Grandou, 37 ans, de Cubjac
Jean martin, 37 ans, de Périgueux
Robert Guichard, 31 ans, de Périgueux
Pierre Fructus, 18 ans, de St-Geyrac
Paul Augustin Lemahieu, 30 ans, de Périgueux
Henri Bordeaux, 36 ans, de Périgueux
Jean-Louis Colomb, 46 ans, de Périgueux
Lucien Schiffmann, 33 ans, de Lamonzie-Montastruc
Amédée Pirodeau, 33 ans, du Bugue
Roland Arod, 23 ans, de Château l'Évêque
Javanaud (sans autre renseignement)
René Kahn, 46 ans, de Brantôme
Marie Guyonnet, 53 ans, de Périgueux
et un inconnu, supposer ouvrier SNCF

Auguste Vergnolle, fusillé le 12 août 1944, était gendarme à Verteillac. Il a rejoint le groupe Roland avec ses collègues dans le secteur de Vergt au moment du débarquement comme de nombreux gendarmes. Il a été fait prisonnier par les Allemands le même jour que l'attaque du château de la Feuillade en juin 1944 alors qu'il assurait la fonction d'estafette.


A lire également :

Périgueux - Pierre éducative, Place Général Leclerc (lien)
Stèle à la brigade Rac à Périgueux (lien)
Photos de la commémoration des 70 ans de la Libération de Périgueux (lien)

Lien Replay France 3 pour voir ou revoir : "Les Saboteurs de l'Ombre et de la Lumière"

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Rédigé par Alan dans la rubrique Section Spéciale de SabotageMédia et cinéma

Pour ceux qui n'ont pas eu la chance ou n'ont pas pu voir le film  "Les Saboteurs de l'Ombre et de la Lumière" réalisé par Marie Nancy, en direct ce lundi 30 octobre 2017, France 3 a édité ce lien Replay qui durera 8 jours à partir du 9 novembre 2017.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/emissions/les-documentaires-en-aquitaine (lien)




A la mémoire de mon arrière-grand-père

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Rédigé par Alan à 11h le 11 novembre 2017



A la mémoire de mon arrière-grand-père, mort pour la liberté en France 
il y a 100 ans le 5 avril 1917 pendant la Première Guerre mondiale.


Pierre tombale d'Alan Latter de l'East Surrey Regiment
Cimetière Militaire de Dickebusch, 5 km au sud-ouest d'Ypres
(Photo prise par mon cousin américain lors de sa visite en Europe cette année)




Saint-Saud-Lacoussière (24) - Capitale du maquis ou l'equipe des copains

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Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade Rac

Article tiré du Bulletin de Liaison des Amicales Rac et 50e RI : Numéro 2 -  Octobre 1978.

Saint Saud - Capitale du maquis ou l’équipe des copains

Dans tout le département on parlait de cette petite agglomération du Nontronnais, avec un certain respect, où disait-on, se tenaient d'importantes forces de la Résistance et notamment le PC du Secteur Nord. Les Allemands eux-mêmes, à Périgueux et aux alentours, qualifiaient ces "terroristes" de redoubtable. Ils les imaginaient plus nombreux et surtout mieux armés qu'en réalité. Nous n'avions pas le moindre intérêt à les dissuader, bien au contraire.
Jean Laussucq

Il se passait pourtant beaucoup de choses à Saint Saud. Jean Laussucq, prisonnier de guerre, évadé d'Allemagne, interné en Suisse, puis démobilisé à Annecy, avait rejoindre sa famille à St. Saud en 1941. Il prit contact avec l'Abbé Julien (Rocal), Jacques Brachet et René Mallemanche, pour créer un groupe du réseau Jean-Marie (Buckmaster) qui s'augmenta bientôt des Louis Lavaud, Maurice Colombier, Joseph Dubreuil, Alexandre Jussely, Dessimoulie. Au début de 1944, le "goum" sérieusement renforcé devait rejoindre l'AS 5 pour y remplir les premières missions de sabotage, ravitaillement des maquis, contrôle, confection de faux papiers, lutte contre les agents de la Gestapo, parachutage.

Rac s'était installé avec sa famille aux Farges, ches les Joussely, cousins de Georges Lautrette.
C'est tout à côté, au lieu-dit Mazeaubrun, sur la route de Miallet, qu'eut lieu le premier parachutage en avril 1944. Trois avions trois séries de coupole : bleu, blanc, rouge.
Un petit tracteur à Chenilles servant au débardage en forêt permit de récupérer les containers disséminés dans la nature. Comme d'autres, la ferme des Joussely se transforma en magasin. Mais elle fut aussi refuge, boîte à lettres, station d'écoute. Chez Camus, le café de la place, on écoutait aussi les messages, on tenait réunion, on recevait les agents de liaison, on prenait contact.

A l'autre extrémité de la cité, Laussucq avait mis sa maison à la disposition des maquisards. Elle faisait office de PC volant et d'infirmerie. Le docteur Millet de St. Pardoux venait y soigner les blessés et les malades.
Aux "Places" Maman Lastere avait depuis belle lurette, transformé son établissement en "havre". Elle y reçut des centaines de clandestines qui trouvèrent là le réconfort. Braves gens.



Stèle érigé par l'Amical des Anciens de la Brigade Rac à la place de la Résistance, Saint Saud, 
avec l'inscription : 1942 - 1945 Hommage aux Résistants du Nord de la Dordogne. 
(Photo par André Léonard de 1978)

Le PC Rac resta quelques jours chez Lastere après le 6 juin. Le château de Lacoussière fut successivement utilisé comme prison (un bien grand mot) et infirmerie. Le futur Général Dupuy y fit un bref séjour lorsqu'il fut appréhendé sur un barrage après son évasion du camp de Nexon. Les gendarmes de Satory regroupés à St. Saud reconnurent en lui leur ancien patron du Bataillon Blindé de la Garde.
Ainsi se montèrent petit à petit, au milieu d'une population entièrement acquise à notre cause, à St. Saud, et dans les environs Abjat, Champ-Romain, St. Pardoux, Miallet, les sections de la 6e Cie dont le lieutenant Jean prit le commandement.

Vieugeot qui avait été chargé d'organiser le 2e Bton de la Brigade Rac disposait alors des éléments de Piegot (Massy) 5e Cie, La Coquille (Jolivet-Chapelle) 7e Cie, Chalus (Fred) 8e Cie. Cette unité fut dissoute par la suite de Fred rejoignent avec les éléments de St. Yrieux le 3e Bataillon du Commandant Violette. Elle fut reconstituée plus tard sur le front de l'Atlantique (CA 2).
La petite cité a eu ses heures de gloire, mais elle a payé son tribut.


Photo de la stèle de l'ouvrage Chemins de la Mémoire "Dordogne-Nord"


Pont Lasveyras - Photos du monument et l'exposition au Moulin de la Résistance

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Rédigé par Alan dans la rubrique Pont LasveyrasLieu de mémoireMusée

A la frontière entre le Limousin et le Périgord, une route en terre serpente entre le flanc d'une colline verdoyante et les rives de l'Auvézère, pour déboucher sur cette ancienne papeterie isolée qui fut au petit matin du 16 février 1944 le théâtre d'un massacre sanguinaire : 34 jeunes résistants et réfractaires au travail obligatoire y perdirent la vie, 12 furent déportés dont 5 ne reviendront pas. Il y eut 3 rescapés du massacre.

Tous nos remerciements à Marc Delage pour avoir eu la gentillesse de partager ces belles photos prises pendant l'été 2017 au monument du Pont Lasveyras et au musée Moulin de la Résistance.









Le musée au Moulin de la Résistance est ouvert les samedis et dimanches après-midi du 6 juin au 27 septembre, de 13h30 à 18h30 où une exposition relative aux 49 victimes du massacre y est présentée. Accès gratuit. Plus des renseignements : Tel. 05 55 98 55 47.










 
Pour vous y rendre : 
A partir de Payzac prendre la départementale D75 vers Beyssenac. Après 3 km, tourner à gauche et prendre la direction de Villouviers / La Forge / Pont Lasveyras, puis après 200 mètres, la route Le Mas sur la droite. Continuer sur 1,5 km jusqu'à l'embranchement en T. Tourner à droite en direction du Pont Lasveyras pour accéder au parking.




Le Chant des Partisans (Le Chant de la Libération)

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Rédigé par Alan dans la rubrique Le coin du collectionneur

Le 30 mai 1943, une chanson résonnait sur les ondes de Radio Londres : Le Chant des Partisans. Un hymne de la Résistance française écrit par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon, et composé par Anna Marly.



Périgueux - 25 et 26 novembre 2017 : Conférences, débats et expositions

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Redige par Alan dans la rubrique Évènement

25 et 26 Novembre 2017
Odyssée Périgueux
Esplanade Robert Badinter

6ème Salon Régional
Mémoire    Résistance    Déportation

Organisé par Périgord Mémoire Histoire


Opération Frankton - L'incroyable Odyssée par Christophe Soulard

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Rédigé par Alan dans la rubrique Document et livreLes Alliés

Opération Frankton, l'incroyable odyssée par Christophe Soulard

Éditions Bonne Anse

Sortie du livre : 1er décembre 2017

En 1942, les Alliés s'inquiètent du nombre croissant de navires allemands qui brisent le blocus maritime qu'ils ont instauré. Bordeaux est l'une des plaques tournantes du trafic entre l'Allemagne et les forces de l'Axe. L'Amirauté britannique décide de porter un coup aussi symbolique que décisif au cœur même de ce port.



Pour le 75e anniversaire de l'opération Frankton, le documentaire de Paddy Ashdown, réalisé par BBC Timewatch production, sera difusé le 3 décembre 2017 à 15h à la salle Jean Gabin à Royan.
A cette occasion, Christophe Soulard dédicacera son livre "Opération Frankton, l'incroyable odyssée".
Entrée libre

Pour acheter le livre (lien)

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