C'est avec tristesse que nous vous faisons part du décès, dans sa 99ème année, d'un des deux derniers anciens soldats de la Brigade RAC, Monsieur James LEBRETON, qui avait notamment reçu la médaille de la Ville de Royan lors de la cérémonie du 17 avril 2O22. On peut le reconnaître, en fauteuil roulant, sur les deux photos ci-dessous, prises pendant cette commémoration.
Décès d'un ancien de la Brigade RAC - Monsieur James LEBRETON
Royan - Cérémonie de commémoration du bombardement du 5 janvier 1945
Arrivée des porte-drapeaux au cimetière
Au mémorial "Le Souffle"
Limoges - le 23 février 2023 - Les Saboteurs de l'Ombre et de la Lumière
Photos de la cérémonie de Maxence Simon à St Mary (Charente) le 6 février 2023
Rédigé par Alan dans la rubrique Maquis Bir Hacheim
Tous nos remerciements à Norbert Brulaud,pour avoir eu la gentillesse de partager quelques photos de la cérémonie de Maxence Simon le premier tué de Bir'Hackeim sur la route de Chasseneuil à St Mary.
La cérémonie c'est déroulé le 6 Février 2O23 à 11hOO. Tout les ans en ce 6 Février nous avons une pensée pour lui ne pas oublier tel est la devise du devoir de mémoire.
René Chabasse - Héros de la Résistance, abattu à Angoulême le 21 février 1944
Rédigé par Alan Latter dans la rubrique Section Spéciale de Sabotage
René Chabasse 1921-1944
Bouëx se trouve à proximité de la ligne de démarcation. D'emblée René Chabasse n'a accepté de se soumettre. Il franchit clandestinement cette ligne. Il connait très bien le terrain. Il repère les heures et les itinéraires des patrouilles. Il tente divers points de passage. Il devient vite un véritable spécialiste.
Fin juillet il fait passer son ami de lycée Jean Lapeyre-Mensignac. Leurs liens d'amitié lycéenne prennent une autre dimension. Ils se promettent de lutter ensemble jusqu'au jour de la victoire.
Novembre 194O Jean Lapeyre-Mensignac rencontre un ami de vacances d'avant guerre, un peu plus âgé qui lui, Guy Chaumet, qui est déjà en contact avec Londres (Réseau Copernic) et lui présente Théo Burlot (Réseau F2). Sans retard Jean Lapeyre-Mensignac et René Chabasse se mettent à leur disposition : ils seront « passeurs » et agents de renseignement surtout sur Bordeaux où Jean Lapeyre-Mensignac a commencé ses études de médicine.
Les passages, les renseignements marchent bien. Chabasse est vite « plein temps », son activité est intense, il étend ses recherches sur la Bretagne et la Normandie. Automne 1942, Jean Lapeyre-Mensignac a eu un contact avec le « Réseau Action Sol », basé à Saint-Etienne, chef Eugène Bornier alias « Sol » BCRA. Malgré sa réussite remarquable dans le renseignement, René Chabasse s'engage dans « l'Action » aux côtés de son ami qui va vite devenir l'adjoint de « Sol ».
Action de « Sol » :
Organisation d'atterrissages et parachutages, formation de petits groupes armés.
Jean Lapeyre-Mensignac soutenu par René Chabasse propose à « Sol » une extension de son réseau en Aquitaine. Accord de « Sol » et du BCRA. Ce sera la mise en place de ce qui va devenir le BOA Région B.
Chabasse avec Charles Franc (un autre ami du lycée) sera responsable BOA pour la Charente et la Charente-Maritime. Sous leur impulsion, l'implantation du BOA en Charente va être rapide et d'une grande efficacité.
L'équipe de réception pour atterrissages a son centre opérationnel chez Franc à Malaville. Formée autour de Lapeyre-Mensignac avec Chabasse, Franc, Barrère, Margariti, Boireau. Chabasse a repéré les moindres buissons, les plus petits sentiers autour des terrains.
Le 23 avril 1943 : 1er atterrissage double Lysander sur « Serin ». 18 Septembre 1943 : 2ème double Lysander sur « Serin » (arrivée de Pierre Brossolette). 14 novembre 1943 : double Lysander sur « Albatros » : arrivée du Colonel Bonnier « Hypoténuse » DMR Région B et du Capitaine Nancy « Sape » chef saboteur Région B.
Pendant ce même temps il a fallu aussi recruter et former des équipes pour les parachutages. Chabasse décide de fixer le centre opérationnel dans la ferme des Duruisseau, « aux Forêts » près de Bouëx. Ils ont déjà été ses agents de renseignement. La jeune Andrée fait des liaisons. Le fils Edmond sera chef d'équipe de parachutages. Il forme des équipiers, les fait agréer par Chabasse, qui recrute deux autres chefs d'équipe : Guy Berger et René Rispard. Il met en place des « boîtes à lettres" et divers points de contact pour transport. Il lui manque une chose : un lieu de repos personnel. Trop occupé, il mange et dort chez les agents qui pour la plupart ne connaissent pas son identité. Il est SDF !
Fin 1943, début 1944, avec l'arrivée du DMR les parachutages du BOA Charente deviennent nombreux. La nuit du 6/7 février ses équipes assurent simultanément deux opérations sur deux terrains différents (près de Birac, près de Touzac). Outre ses fonctions BOA, Chabasse assure quelques missions discrètes de renseignement, en Charente, pour le DMR.
Les derniers mots écrits par René Chabasse
Fait à Paris, le 12 avril 1946.
Par le Président du Gouvernement provisoire de la République.

Dans cette même crypte se trouvent aussi les restes du colonel Claude Bonnier « Hypoténuse » qui fut le délégué militaire régional de la région B, ceux de Jacques Nancy « Sape », son adjoint et chef de la Section Spéciale de Sabotage, ceux du colonel André Chabanne, chef du maquis Bir'Hacheim. Tous ont bien connu les frères Chabasse qui ont effectué diverses missions à leurs côtés.
Ci-dessous, un petit extrait du livre de 1947 par Marc Leproux Nous,les Terroristes - Journal de la Section Spéciale de Sabotage :
1 septembre 1944 - jour après la prise d'Angoulême
Pendant ce temps tout le groupe a été réuni boulevard d'Orfont (boulevard René Chabasse depuis 26 avril 1945) à l'endroit où René Chabasse a été tué, pour observer une minute de silence et déposer une gerbe de fleurs. Pierrot (le frère de René) a laissé déborder son chagrin et c'est très triste de voir sa douleur. Nous sommes très émus et notre émotion gagne l'attroupement des gens du quartier qui suivent la cérémonie.
Dès le lendemain les S.S.S. reprenaient le chemin de Puycharnaud laissant Angoulême libéré, à la garde des anciens et nouveaux F.F.I. des autres groupes.
A lire également :
Les Années Noires : Angoulême 194O-1944 - un album de bande dessinées par Le Troisième Homme (lien)
2023 - René Chabasse - photos de la cérémonie du 21 février 1944
Angoulême le 21 février 2O23
Nous sommes très reconnaissant à Julien Brulaud qui a eu la gentillesse de partager quelques photos de la commémoration en mémoire de René Chabasse, héros de la Résistance, abattu par les Allemands le 21 février 1944 à l'angle de la rue Périgueux et du boulevard qui porte aujourd'hui son nom.
Château de Puycharnaud - Reconstitution d'un camp de maquis de la SSS - le 22 et 23 avril 2023
Photos de la stèle de Médis à Brie prises pendant la cérémonie du 15 avril 2023
Dignac (16) - Mémoire de la Résistance - 13 - 14 mai 2023
Commémoration de Jacques Nancy le 10 juillet - Au Chêne Vert sur la commune de VOUZAN (Charente)
Photos de la cérémonie de Couture - Chez Lépine - Juin 2023
05 - 06 août 2023 - Journées du Maquis - Mémorial de la Résistance de Saint Etienne de Puycorbier (24)
Photos de la cérémonie du Souvenir Français au cimetière de Bardines à Angoulême - 2023
Biographie de Gustave Bidaine, inhumé au cimetière des Bardines à Angoulême
Des photos et la biographie de Gustave Bidaine partagé par Jean-Christophe Mathias
Monument aux morts de Saint-Laurent-de-Céris
Hommage à Gustave Bidaine
Par Jean-Christophe Mathias
Au Monument aux morts de Saint-Laurent-de-Céris, samedi 1O juin 2O23, dans le cadre des journées commémoratives sur les deux guerres mondiales organisées par « Sports et Loisirs ».
Gustave Bidaine, alias Dantzen (nom de guerre), médaillé de l’Ordre de la Libération, ancien receveur des Postes de Saint-Laurent-de-Céris, à l’occasion des 7O ans de sa mort.
Parcours :
Marie Gustave Virgile Sylvain Bidaine naît le 7 mars 1894 à Le Vernoy-de-Montbéliard (Doubs).
Le 14 avril 1913, Gustave Bidaine est engagé volontaire pour 4 ans au 26e Bataillon du Génie à Belfort. Facteur rural de profession, il est décrit comme ayant les cheveux châtains, les yeux verdâtres, le front vertical, le nez rectiligne, le visage plein, une taille d’1,63 m, un degré d’instruction de 3. Le 21 avril 1913, il arrive au 26e Bataillon du Génie en tant que sapeur de 2e classe.
Le 3 mars 1914, par décision du Général Commandant le 19e corps d’armée, Gustave Bidaine devient Caporal au 8e Régiment du Génie ; il est en campagne au Maroc du 3 mars 1914 au 1er août 1914. Du 2 août 1914 au 5 novembre 1915, il est en campagne contre l’Allemagne au Maroc.
Le 2O janvier 1915, il passe à la Compagnie Télégraphique à Casablanca (Maroc).
Par décret du 3O juillet 1915, Gustave Bidaine est décoré de la Médaille Coloniale agrafe « Maroc ».
Le 14 avril 1917, Gustave Bidaine passe dans la réserve de l’armée active. Le 1er novembre 1917, il est dirigé sur le dépôt du 8e Régiment du Génie. Du 6 novembre 1917 au 14 novembre 1918, il est en campagne contre l’Allemagne en France, en intérieur.
Du 15 novembre 1918 au 16 septembre 1919, il est aux armées Nord Nord-Est. Il reçoit la Médaille de la Victoire.
Le 1O juin 1919, Gustave Bidaine se marie avec Germaine Flotard à Nersac (Charente).
Le 29 avril 1921, il est facteur receveur aux Postes et Télégraphes à El-Kantara (Algérie).
Le 5 novembre 1921, il est classé dans l’affectation spéciale au titre de l’administration des Postes, Télégraphes et Téléphones (P.T.T.) en qualité de facteur receveur à El Kantara. Il est inscrit sur la liste du canton de Souk-Ahras (département de Constantine, au nord-est de l’Algérie, près de la frontière avec la Tunisie).
Le 13 janvier 1926, Gustave Bidaine est nommé à Martaizé (subdivision de Châtellerault, département de la Vienne).
En 1928, il obtient le « certificat de capacité pour la conduite des autres ».
Le 23 juillet 1937, Gustave Bidaine reçoit une affectation spéciale pour une durée de 3 mois au titre de l’administration des P.T.T. comme receveur à Saint-Laurent-de-Céris.
Le 14 avril 194O, il est libéré du service militaire.
Le 1er juin 1943, Gustave Bidaine est dégagé de toutes obligations militaires. Selon l’état signalétique de son dossier, il « a effectivement commencé à travailler pour la Résistance dès démobilisation de l’Armée » et est rallié à la France libre de Juin 1943 à Octobre 1944.
Le 8 juillet 1943, Marcel Mathias (alias Charles Ammadier), demeurant à Saint-Laurent-de-Céris, entre en « Résistance individuelle » dans le groupe Bidaine de Saint-Laurent.
Lundi 15 novembre 1943 (le jour où Claude Bonnier sera parachuté en Charente) à 11h3O, Gustave Bidaine, receveur P.T.T. domicilié à Saint-Laurent-de-Céris (Charente), est témoin du mariage entre Marcel Mathias, officiellement instituteur domicilié à Saint-Laurent-de-Céris et clandestinement réfractaire au Service du Travail Obligatoire et Anne Marie Labajauderie, employée des P.T.T. au Central télégraphique de Limoges (Haute-Vienne).
Le 14 août 1944, selon son « état succinct des occupations légales à titre civil ou militaire de juin 4O à la Libération », Marcel Mathias est affilié « groupe F.T.P. réseau Bir Hackeim (Chef Bidaine) ».
Le 9 mars 1945, le Préfet émet un avis favorable à la proposition de Gustave Bidaine pour la Médaille de la Résistance (ruban) au titre des « MUR » (Mouvements Unis de la Résistance).
Le Ministre de l’Intérieur émet un avis favorable pour proposition en tant que 2ème classe.
Le 23 mars 1945 à Angoulême, le Président du Comité Départemental de Libération de la Charente émet un avis favorable à la proposition de Gustave Bidaine pour la Médaille de la Résistance : « très bon agent de la Résistance, organisateur du maquis dans sa région, doit être récompensé. »
Le Commissaire de la République du Gouvernement provisoire pour la région de Poitiers transmet la proposition avec avis favorable.
Par décret du 23 octobre 1945 publié au Journal Officiel le 24 octobre 1945, Gustave Bidaine, alias Dantzen, receveur des Postes à Saint-Laurent-de-Céris, médaillé de la Victoire, membre du Comité d’Épuration de la Charente et délégué à la Commission d’Épuration Militaire, membre du Comité Départemental de Libération, est médaillé de l’Ordre de la Libération.
Selon la citation, il a été agent de renseignements au 1er régiment Bir’Hacheim et « a camouflé 4O jeunes gens ».
Il « a soutenu la lutte contre la Milice et la Gestapo » et « a été l’un des fondateurs et des meilleurs agents du Maquis » :
« Pendant longtemps, il a caché, dans les fermes notamment, des réfractaires à qui il procurait de faux titres d’identité. Il a également caché des armes. En relations avec Bir’Hacheim à partir de Mai 1944, c’est lui qui a assuré le recrutement du maquis de Saint-Laurent-de-Céris qu’il ravitaillait. Outre son activité comme agent de renseignements, il a participé activement aux opérations de guerre. Il a été, dans la région de Saint-Laurent, l’âme de la Résistance. A ce titre, il avait été nommé Chef Administratif et Politique des M.U.R. pour la Charente Libre et Chef des Services Civils de renseignements de l’A.S. 18. »
Le 3 mai 1953, Marie Gustave Virgile Sylvain Bidaine, retraité des Postes, époux de Germaine Flotard, décède en son domicile au 211 rue de Clérac à Sillac à Angoulême.
Il est inhumé au cimetière des Bardines à Angoulême.
Sources : fiche matricule A.N.O.M. (Archives Nationales d’Outre-Mer) / dossier de Médaillé de la Résistance conservé à l’Hôtel des Invalides (Paris), aimablement transmis par le Musée de l’Ordre de la Libération / dossier F.F.I. de Marcel Mathias conservé par le Service Historique de la Défense, consulté au Château de Vincennes / acte de mariage fait en la mairie de Berneuil (Haute-Vienne) / état civil du Vernoy-de-Montbéliard (Doubs) / archives de la Ville d’Angoulême.
Des petites histoires de Noël 1943
Rédigé par Alan et Tony
Des petites histoires de Noël
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Belle photo de Georges et son épouse Andrée, née Cruveilhier. |
(D'après le récit de René Rispard, de Guy Berger et le témoignage du capitaine Jacques et de la famille Duruisseau.)
Jeudi 23 décembre 1943
Au début de la deuxième quinzaine de décembre un télégramme annonce à Jean-Louis (René Chabasse) l'arrivée d'un Anglais en gare d'Angoulême. Pasteur (Guy Berger) est chargé de l'accueillir : « Je m'attends, écrit-il, à recevoir un jeune homme et c'est un petit vieux tout décharné, malade, usé, qui débarque, conduit par une inconnue de Paris. Je suis quelque peu surpris et je l'emmène au Quéroy par le train. Comble de malheur il ne peut monter à bicyclette et je reste avec lui dans un bistrot en attendant le Batteur (Edmond Duruisseau), parti à la recherche d'une moto pour l'emmener. Nous buvons un viandox bien chaud ; des boches entrent. Mon client me regarde inquiet et je cligne de l'oeil pour le rassurer.
Le père Duruisseau, prévenu de l'arrivée d'un Anglais, l'attend avec fébrilité. Trompé sur son aspect et croyant avoir affaire à un compatriote, il lui offre un siège au coin de la cheminée et entame avec lui une conversation en français. Naturellement le père Duruisseau en fait tous les frais ; le monologue se poursuit un certain temps et l'interlocuteur prononce enfin quelques paroles... en anglais. Le père Duruisseau en reste bouche bée ; il est complètement abasourdi pendant quelques instants. Soudain il réalise qu'il a devant lui un hôte étranger et qu'il ne l'a pas reçu avec assez de chaleur et de politesses. Brusquement il se redresse et salue cérémonieusement ce « citoyen de la libre Angleterre » qui'il ne se représentait pas comme cela. Pourvu qu'il ne s'imagine pas que tous les habitants d'outre-Manche sont aussi mal fichus !
Le 31 mars 1944 - Forêt de Bois-Blanc (Charente) |
Cet Anglais, Michael Patrick Mcpartland (surnommé Mitchell), officier de la marine marchande britannique avait été blessé et fait prisonnier. Il était parvenu à s'évader du Val-de-Grâce (hôpital militaire de Paris) avec la complicité de la soeur infirmière. Le pauvre diable était bien mal en point ; à 42 ans, il avait l'air d'un vieillard. Il avait eu la mâchoire brisée à coups de crosse et les doigts déformés par un séjour prolongé dans l'eau de l'Océan Atlantique, n'avaient plus s'ongles. Après l'escale à l' « hotel Duruisseau » il est acheminé sur le refuge de Matignon par Blaireau (René Rispard), promu hôte du visiteur.
Nous partons tard pour Matignon, avec un impressionnant matériel de cuisine. Il fait très froid et c'est en sueur que nous arrivons enfin au milieu des bois à notre domicile où une flambée egaieun peula pièce sombre meublée de deux lits. Dans le logement contigu habite un pauvre vieux dont la femme, complètement folle, suffit à rompre la monotonie du secteur. Parfois en pleine nuit, elle se met à taper sur ma porte avec un marteau et à chanter à tue-tête au grand effroi de Mitchell. »
« Le soir de Noël, Mitchell étant mal en point j'ai (écrit René Rispard) fait prévenir le Dr Bigois, Résistant expulsé de la Rochelle, demeurant à Sers. Il est venu en vélo au « Ranch » , c'est le nom que nous avons donné à notre refuge. Ce soir-là nous avons fait un bon réveillon, grâce aux talents culinaires du Batteur. Mitchell, dont l'indisposition était due surtout aux trop grandes libations de la journée, fit lui aussi honneur au menu pendant que la radio nous dispensait des flots de musique.
Soudain on entend un discours en Anglais. Mitchell se dresse au garde à vous.
- « Qu'y a-t-il Mitchell ? »
Il nous fait signe de nous lever :
- « Le King message Christmas, Britanniques troupes. »
Il ne se remet à table que lorsque le roi a terminé son discours.
René Chabasse - Héros de la Résistance, abattu à Angoulême le 21 février 1944
Rédigé par Alan Latter dans la rubrique Section Spéciale de Sabotage
René Chabasse 1921-1944
Bouëx se trouve à proximité de la ligne de démarcation. D'emblée René Chabasse n'a accepté de se soumettre. Il franchit clandestinement cette ligne. Il connait très bien le terrain. Il repère les heures et les itinéraires des patrouilles. Il tente divers points de passage. Il devient vite un véritable spécialiste.
Fin juillet il fait passer son ami de lycée Jean Lapeyre-Mensignac. Leurs liens d'amitié lycéenne prennent une autre dimension. Ils se promettent de lutter ensemble jusqu'au jour de la victoire.
Novembre 194O Jean Lapeyre-Mensignac rencontre un ami de vacances d'avant guerre, un peu plus âgé qui lui, Guy Chaumet, qui est déjà en contact avec Londres (Réseau Copernic) et lui présente Théo Burlot (Réseau F2). Sans retard Jean Lapeyre-Mensignac et René Chabasse se mettent à leur disposition : ils seront « passeurs » et agents de renseignement surtout sur Bordeaux où Jean Lapeyre-Mensignac a commencé ses études de médicine.
Les passages, les renseignements marchent bien. Chabasse est vite « plein temps », son activité est intense, il étend ses recherches sur la Bretagne et la Normandie. Automne 1942, Jean Lapeyre-Mensignac a eu un contact avec le « Réseau Action Sol », basé à Saint-Etienne, chef Eugène Bornier alias « Sol » BCRA. Malgré sa réussite remarquable dans le renseignement, René Chabasse s'engage dans « l'Action » aux côtés de son ami qui va vite devenir l'adjoint de « Sol ».
Action de « Sol » :
Organisation d'atterrissages et parachutages, formation de petits groupes armés.
Jean Lapeyre-Mensignac soutenu par René Chabasse propose à « Sol » une extension de son réseau en Aquitaine. Accord de « Sol » et du BCRA. Ce sera la mise en place de ce qui va devenir le BOA Région B.
Chabasse avec Charles Franc (un autre ami du lycée) sera responsable BOA pour la Charente et la Charente-Maritime. Sous leur impulsion, l'implantation du BOA en Charente va être rapide et d'une grande efficacité.
L'équipe de réception pour atterrissages a son centre opérationnel chez Franc à Malaville. Formée autour de Lapeyre-Mensignac avec Chabasse, Franc, Barrère, Margariti, Boireau. Chabasse a repéré les moindres buissons, les plus petits sentiers autour des terrains.
Le 23 avril 1943 : 1er atterrissage double Lysander sur « Serin ». 18 Septembre 1943 : 2ème double Lysander sur « Serin » (arrivée de Pierre Brossolette). 14 novembre 1943 : double Lysander sur « Albatros » : arrivée du Colonel Bonnier « Hypoténuse » DMR Région B et du Capitaine Nancy « Sape » chef saboteur Région B.
Pendant ce même temps il a fallu aussi recruter et former des équipes pour les parachutages. Chabasse décide de fixer le centre opérationnel dans la ferme des Duruisseau, « aux Forêts » près de Bouëx. Ils ont déjà été ses agents de renseignement. La jeune Andrée fait des liaisons. Le fils Edmond sera chef d'équipe de parachutages. Il forme des équipiers, les fait agréer par Chabasse, qui recrute deux autres chefs d'équipe : Guy Berger et René Rispard. Il met en place des « boîtes à lettres" et divers points de contact pour transport. Il lui manque une chose : un lieu de repos personnel. Trop occupé, il mange et dort chez les agents qui pour la plupart ne connaissent pas son identité. Il est SDF !
Fin 1943, début 1944, avec l'arrivée du DMR les parachutages du BOA Charente deviennent nombreux. La nuit du 6/7 février ses équipes assurent simultanément deux opérations sur deux terrains différents (près de Birac, près de Touzac). Outre ses fonctions BOA, Chabasse assure quelques missions discrètes de renseignement, en Charente, pour le DMR.
Les derniers mots écrits par René Chabasse
Fait à Paris, le 12 avril 1946.
Par le Président du Gouvernement provisoire de la République.

Dans cette même crypte se trouvent aussi les restes du colonel Claude Bonnier « Hypoténuse » qui fut le délégué militaire régional de la région B, ceux de Jacques Nancy « Sape », son adjoint et chef de la Section Spéciale de Sabotage, ceux du colonel André Chabanne, chef du maquis Bir'Hacheim. Tous ont bien connu les frères Chabasse qui ont effectué diverses missions à leurs côtés.
Ci-dessous, un petit extrait du livre de 1947 par Marc Leproux Nous,les Terroristes - Journal de la Section Spéciale de Sabotage :
1 septembre 1944 - jour après la prise d'Angoulême
Pendant ce temps tout le groupe a été réuni boulevard d'Orfont (boulevard René Chabasse depuis 26 avril 1945) à l'endroit où René Chabasse a été tué, pour observer une minute de silence et déposer une gerbe de fleurs. Pierrot (le frère de René) a laissé déborder son chagrin et c'est très triste de voir sa douleur. Nous sommes très émus et notre émotion gagne l'attroupement des gens du quartier qui suivent la cérémonie.
Dès le lendemain les S.S.S. reprenaient le chemin de Puycharnaud laissant Angoulême libéré, à la garde des anciens et nouveaux F.F.I. des autres groupes.
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