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BORNIER Eugène Aimé (1911-1988) alias SOL, chef du réseau SOL, alias CURÉ

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Rédigé par Patrick Bornier dans la rubrique PortraitRecherche


BORNIER Eugène Aimé (1911-1988) 

alias SOL, chef du Réseau SOL, alias CURÉ

Il est dix-sept heures, le dimanche 12 novembre 1911, 4 rue Guy Colombet à Saint-Etienne (département de la Loire), lorsque Eugène Aimé BORNIER vient au monde. Il est le second fils de Paul Jean Baptiste BORNIER, représentant de commerce et de Anna Eugénie COURTIAL, sans profession.

Comme tous les jeunes hommes ayant atteint l'âge de 2O ans, le bureau de la conscription de Lyon le recrute dans la classe de 1931 afin de servir dans l ' armée de l'air.
Il épouse Marie Elisabeth Alice FAYOLLE DE MANS (1911-1999), le 2O décembre 1939 à Saint-Etienne. De cette union naîtront deux fils.



Eugène et Alice Bornier, officiers BCRA
Eugène fonde une imprimerie-cartonnage à Saint-Etienne avec sa femme et son beau-frère, Raymond FAYOLLE DE MANS (19O7-1955) sous le nom de BORNIER-DE-MANS. L'établissement sera situé 45 rue Gambetta, près de Badouillère.
Le métier de l'imprimerie fait partie déjà de la famille ; son oncle maternel, Eugène COURTIAL était lui aussi un imprimeur établi 9 rue de la Barre à Saint-Etienne. Son grand-père paternel, Auguste Paul BORNIER était lithographe et son épouse, Françoise GERARD était, quant à elle, relieuse. Leurs ateliers étaient situés au 46 rue Gambetta et leurs bureaux, 3 rue Voltaire à Saint-Etienne.
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne agresse la Pologne. Cette action entraîne, le 3 septembre 1939, l’entrée en guerre du Royaume-Uni suivie de la France contre l’Allemagne.
Par l’entremise de son activité d’imprimeur, Eugène fournit alors un support à la presse clandestine.


Le 1er avril 1942, Eugène est recruté par SCAMARONI afin qu'il organise le sous-réseau de renseignements et d'action SOL dans la région de Saint-Etienne. Il est placé sous les ordres de Monsieur COLLIN (connu sous le pseudonyme TAVIAN) de la mission TIR. Il a le titre de chargé de mission 2ème classe avec le grade de Lieutenant (réseau ALI TIR - P2 du 15-O4-1942 au 19-O9-1943).

Nous sommes en 1941 et des réseaux spécialisés dans le renseignements se sont implantés dans la région de la Loire. Afin d'étendre leurs activités, des membres du Deuxième bureau de Vichy, qui sont en contact avec Londres, identifient en juillet 1941, Eugène BORNIER comme ressource potentielle sur Saint-Etienne.

Le 26 juillet 1942, SOL et ses deux premiers compagnons, ainsi que Gaston TAVIAN (qui venant de Londres avait fait homologuer le réseau par le BCRA) organisent un parachutage près de Montrond-les-Bains. L'avion largue huit parachutes : cinq containers et trois hommes, tous déportés par le vent. Tous les containers sont récupérés tandis que deux des agents parachutés réussissent à rallier Saint-Etienne. Le troisième, le radio ORABONA, se recevant mal sur le sol accidenté, se brise les deux jambes et s’enfonce le thorax. Le prêtre d'un village voisin accepte de le recueillir pendant que s'organise un moyen de transport avec l'aide d'un médecin. Malheureusement, le blessé décédera lors de son transfert à l'hôpital.
Au début du mois de novembre 1942, Guy CHAUMET fait appel à Jean LAPEYRE-MENSIGNAC qui, de sa propre initiative, avait organisé une chaîne d'évasion pour passer en zone libre. Il parvient rapidement à gagner l'Angleterre par une opération Lysander montée par le réseau SOL. Jean LAPEYRE-MENSIGNAC n'ayant plus de contact s'engage comme agent P2 dans le réseau SOL. BORNIER lui fait rapidement confiance et l'initie à la marche du réseau : prise de contacts, le codage et le décodage des câbles, les parachutages, etc.
Début décembre 1942, BORNIER charge Jean LAPEYRE-MENSIGNAC, accompagné de deux équipiers, de réceptionner un parachutage ARMA (containers de matériels divers tels des armes et des explosifs) prévu sur le terrain « Chardonneret », à une dizaine de kilomètres de Chamazel dans la Loire : il s'agit d'un terrain situé à 13OO mètres sur un plateau du Massif Central. Utilisé comme pâturage au printemps, il est distant de toute habitation. La neige qui tombe en abondance les contraints à se réfugier dans une cabane de berger. Cette retraite provisoire va se prolonger douze jours. Il leur faut passer toutes les nuits dehors à guetter l'avion dans de mauvaises conditions atmosphériques qui ne permettront pas au pilote de repérer le terrain.
Le 22 décembre 1942, BORNIER organise un atterrissage Lysander sur le terrain « Vaurour » entre Issoudin et Vatan. Le responsable au sol est J. VOYER radio de SOL. L'opération est parfaitement réussie. Deux passagers sont déposés tandis qu'embarquent Pierre QUEVILLES et Guy CHAUMET.
Jean LAPEYRE-MENSIGNAC propose à SOL de créer une extension du réseau dans la région Aquitaine où il dispose déjà de René CHABASSE et de Pierre BARRÈRE. Il pense que les terrains opérationnels y seront plus faciles à trouver que dans la région stéphanoise. A cette date les « régions » ne sont pas encore organisées et délimitées géographiquement, le réseau SOL peut donc travailler loin de son Quartier Général. Avec l'assentiment du BCRA, Jean LAPEYRE-MENSIGNAC devient l'adjoint de SOL.

De décembre 1942 à mars 1943, il va successivement recruter à Bordeaux et en Charente : Guy MARGARITI, étudiant en Sciences, Charles FRANC viticulteur et étudiant en lettres ainsi que l'artiste Philippe BOIREAU. Ils prospectent tous des terrains de parachutage ou d'atterrissage que le réseau SOL propose par câble au BCRA afin d'en obtenir l'homologation par la R.A.F. Leur prospection s'effectue surtout en Charente et dans les Landes. Parallèlement à cette activité, ils s'adonnent à un long et minutieux travail de préparation : recherche de « planques », de refuges, de « boîtes à lettres », mise sur pied de liaisons et de moyens de transports et formation de petites équipes opérationnelles cloisonnées...
En juin 1943, alors qu'il est recherché par les allemands, SOL reporte son activité dans la région de Bordeaux.
Traqué par la Gestapo, il s'envole pour Londres depuis la Charente (terrain SERIN) à bord d'un Lysander, le 19 Septembre 1943 (opération aérienne SOL-SUNFISH - « Elles m’ont trouvé beau . Le bon vin m’endort »). Il pose le pied sur le sol britannique le 2O septembre 1943.

Le 18 octobre 1943, il rejoint le BCRA à Londres ou il est formé pour ses prochaines missions.
À compter de janvier 1944, Eugène BORNIER devient chef de mission 2ème classe, au grade de commandant (réseau Action R2 Archiduc du O4-O1-1944 au 3O-O9-1944)
Il prend le pseudonyme de CURÉ. Alors qu'il est parachuté en France occupée dans la nuit du 4 au 5 janvier 1944 dans les Landes (terrain GOELAND à proximité de Biscarosse - opération « Ce soir j’ai tant de peine »), il se fracture une cheville. Cet incident le retardera dans sa mission : remplacer ARCHIDUC comme chef SAP R2. Il prendra contact avec ARCHIDUC le 18 avril 1944.
Il sera promu, à titre temporaire, au grade d'aspirant de réserve Infanterie, le 1er juin 1944 sous le pseudo BARRERE Eugène (par décision n.26 en date du 24 juin 1944 du Général KOENIG).
À Paris, le 6 Mai 1945, il est nommé par décret, dans l'ordre national de la Légion d'Honneur au grade de Chevalier.Cette nomination entraîne le droit au port de la Croix de Guerre avec Palmes.


Après la guerre, Eugène reprend son activité d'imprimeur. Il décédera le 13 août 1988 à Saint-Etienne, ou il y sera inhumé au cimetière Crêt de Roc. Il était âgé de 76 ans.  


Abréviations :

BOA : Bureau des Opérations Aériennes
SAP : Section Atterrissages et Parachutages
BCRA : Bureau Central du Renseignement et de l'Action.


Sources :

Résistance Sud-Ouest - Réseau Sol / BOA-SAP Région B : l'équipe de réception des atterrissages Lysander (lien)
Musée de la résistance en ligne (lien)
Les Cahiers de Village de Forez
Communiquer pour Résister - Archives départementals de la Charente (lien)
Historique 2ème GM Infiltrations en France - Pierre TILLET - pierre.tillet@free.fr (lien)
Ville de Saint-Etienne


Je souhaiterais lancer un appel aux lecteurs et à leurs connaissances. En effet, afin de compléter cette biographie, je recherche des documents iconographies (photos) ainsi que des détails sur la vie d'Eugène BORNIER et ses proches ; notamment :
- Alice, son épouse, qui a aussi joué un rôle actif auprès de son mari,
- Raymond Fayolle de Mans, son beau-frère avec qu'il avait établi l'imprimerie BORNIER DE MANS,
- ses enfants et petits enfants...
Toutes autres informations, même anodines, sont les bienvenues et me permettrait aussi de reconstituer sa vie. Par exemple, où est-ce que Eugène a passé son enfance ?  dans quelle école a t'il été ? que a t'il fait après la guerre?
Je n'ai pas non plus d informations sur son activité d'imprimeur (la ville de Saint-Etienne m'a fourni des photos de murs de bâtiments sans m'indiquer de lieu ou de dates).

Par avance, merci à vous tous pour vos contributions.

                       Patrick BORNIER

Contact : resistance.sudouest@gmail.com


(Photo - Archives Municipales de Saint-Etienne)


(Photo - Archives Municipales de Saint-Etienne)



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