Rédigé par Alan dans la rubrique Lieu de mémoire
Le 28 avril 1944, vers 18 h 3O, une colonne allemande d'une centaine d'hommes cerne les Merles, un hameau d'une vingtaine de maisons de la commune de Saint-Martin-de-Fressengeas, (soldats allemands du 95e régiment de sécurité, miliciens et membres de la phalange nord-africaine).
Tous les hommes du village sont arrêtés et enfermés dans un jardin où ils sont obligés de se coucher à terre, sur le ventre. Toutes les maisons sont pillées. Après avoir libéré cinq, ils en ont assassiné dix. Six résistants et quatre habitants du village.
Pierre Boulanger 52 ans
L. Billat (Jean) 21 ans
Marc Combeau 22 ans
François Cholet 3O ans
Marcel Martin 2O ans
Gilbert Moreau (Yves) 19 ans
Pierre Magnés (Magnesse) 3O ans
Manuel Ruffino 2O ans
Raoul, Jean Tremoulinas 19 ans
André Videau 2O ans
Une stèle à l'entrée du village au carrefour de la RD98 (au bord de la route qui va de Saint-Martin-de-Fressengeas à Saint Jory de Chalais) a été érigée en hommage au massacre du 28 avril 1944.
Photos de la cérémonie de 2O18 partagées par Marc Delage.
Il y avait beaucoup de monde, malgré un temps de pluie.
Devant la grange ou ont été exécuté les 7 résistants et les 3 civils
Discours du maire de St Martin de Fressingeas, le témoignage d' un survivant.
Récit édité quelques jours après le massacre des Merles du 28 avril 1944
par M Tései FLORINDO
Créateur en hommage à ses camarades de ce monument
Récit édité quelques jours après le massacre des Merles du 28 avril 1944
par M Tései FLORINDO
Créateur en hommage à ses camarades de ce monument
Souvent j'ai pensé à vous, mes chers camarades des Merles, petit hameau de la Dordogne.
Mes pauvres copains, je vous ai vus pour la dernière fois quelques minutes seulement avant que les mercenaires de la « Phalange Africaine », à la solde des assassins de Berlin, vous massacrent et vous torturent.
C'est le temps qui m'a manqué jusqu'à ce jour pour faire le récit de la « Stroff Expédition » des Merles.
Aujourd'hui, je vais parler de vous pour que chacun sache comment on vous assissina, et comment fut pillé le village.
Il était environ 6 heures du soir le 28 avril 1944. Nous étions entrain de travailler dans un champs, quand nous parvint le bruit d'une première rafale de mitraillette, puis celui d'une fusillade nourrie.
Que faire ? me dis mon vieil ami MAZEAU, qui travaillait avec moi; Fuir ?, impossible on tirait au hasard de toutes parts.
Après de courts instants consacrés à la réflexion on decida de ce rendre tranquillement, « du moins en apparence », chez soi, l'outil sur l'épaule.
En route, on croisa les Boches qui, par hasard, ne nous aperçurent pas.
Nous pensions être sauvés, malheureusement, le village était bel et bien encerclé et, arrivés au seuil de notre maison, nous eûmes la désagréable surprise d'être arrêtés, puis emmenés le long d'un chemin où se trouvaient déjà sept de nos voisins, arrêtés eux aussi.
Cinq d'entre eux avaient le visage couvert de sang ; on les avaient battus pour les faire parler, mais sans succès ; Les bourreaux n'avaient rien pu tirer d'eux.
Pendant qu'une équipe nous gardaient, une autre équipe pillait le village. On entendaient, de tous côtés, des coups de feu.
C'était les bandits d'Hitler qui tuaient à coups de fusils et de mitraillette, poules, lapins, porcs ; d'autres dévalisaient les maisons.
Tout leurs étaient bon : draps, linge de corps « jusqu'aux vêtement d'un bébé de trois ans ».
On a évalué à près d'un million de francs le total des vols commis de la sort en numéraires et en objets.
Leurs besognes achevées, les camions chargés, les sauvages Nazis se rassemblèrent au centre du village.
Là, un officier me libéra ainsi que quatre de mes camarades.
Quelques minutes après, on entendaient le bruit d'une rafale : C'etait les autres qu'on fusillaient, tandis que des lueurs sinistre de l'incendie, s'elevaient vers le ciel ; puis, on entendis le vrombissement des moteurs : Les Assassins s'en allaient.
Ensuite ce fut le silence, un silence de mort, d'instant interrompu par l'écroulement des charpentes consumées ; le barbares avaient incendiée la maison et les batiments de Mme Veuve TREMOULINAS.
Au matin on découvris le cadavre de son fils RAOUL, âgé de 19 ans, criblé de balles et égorgé. A côté de lui six autres corps, presque tous achevés de la meme façon « après la fusillade, l'egorgement ».
Certains portaient une entaille qui, partant de l'oreille atteignait l'épaule et une autre formant croix avec la première. Une sadique avait signé son « travail ».
On découvrit encore un mort dans le jardin, un autre (TARZAN) dans un champs de blé, un troisième dans le bois tout proche ; Dix tués, en tout. Dix innocents massacrés avec férocité, dont six maquis et quatre civils, l'un d'eux père de cinq enfants.
Ces dix innocents n'avaient commis d'autre crime que le rêve de liberer leur patrie.
Le petit Raoul TREMOULINAS revenait de son travail, de même BOULANGER, père de cinq enfants, rentrait des champs. CHOLET François, lui venait de prendre son tour de garde sur la voie, à Thiviers ; De même MAGNES Pierre, qui rentrait de son travail.
Tous on été assassinés sans aucune explication, sans interrogatoire. A la manière des « Fascistes ».