Si vous êtes un jour de passage dans le sud de Norfolk, je vous conseille de faire un détour par le musée du 100e BG USAAF, vous ne serez vraiment pas déçus.
Il se trouve entre Dickleburgh et Thorpe Abbotts (près de Diss). Suivez les panneaux de l'A140 ou l'A143.
J'ai visité le musée pour la première fois en juillet cette année et j'ai été très bien reçu. L'entrée est gratuit est le musée est tenu par des bénévoles.
Attention aux personnes fragiles du coeur ! c'est un très beau musée avec de nombreuses belles pièces (photos ci-dessous).
Le 100e BG reçu le Croix de Guerre avec Palme pour avoir soutenu les Forces françaises de l'intérieur (opération Zebra et Cadillac) et le bombardement des positions ennemies en France.
Operation Zebra le 25 juin 1944 :
180 forteresses volantes de la 3e Air Division (basé dans le Suffolk et Norfolk) de la 8e U.S. Air Force.
- 35 parachutes sur le maquis de l'Ain (terrain « Marksman »),
- 36 sur ceux du Jura (terrain « Director »),
- 73 sur différentes maquis de la Haute-Vienne (terrain « Salesman-Stationner »),
- 36 sur le Vercors (terrain « Trainer »).
Ce jour-là 2 160 containers sont largués sur l'ensemble de ces terrains.
Voici un résumeé de l'histoire de l'opération Cadillac le 14 juillet 1944 :
Le 8 juillet 1944, la 8e Armée de l'Air des États-Unis reçoit un nouvel ordre, celui de « préparer de nouvelles opérations de parachutage de jour à grand échelle pour apporter un soutien aux Forces françaises de l'intérieur ».
Les secteurs en question sont les suivants : Vosges, Cantal, Corrèze, Ain, Dordogne, Lot, Haute-Vienne, Saône-et-Loire, Creuse.
Soudain, 12 appareils (du 100e BG) se détachent de la formation et après un virage, abordaient le terrain à 100 mètres d'altitude lâchant 144 containers qui se balancent au-dessous des parachutages. Les containers ont à peine touché le sol que la deuxième vague largue sa marchandise avec des parachutes bleus, blancs, rouges. La dernière escadrille, à son retour, revient prendre le terrain en travers et lâche son chargement. C'est finalement 419 containers qui sont largués sur « Digger ».
Richard Goff, 19 ans, faisait partie du 349e escadron, 100e Bomb Group, 3e Air Division de la 8e U.S. Air Force. Il était le plus jeune passager du Gold Brick, un des bombardiers B-17 qui survola Moustoulat le 14 juillet 1944 pour y lâcher les parachutes de la liberté. Le 11 juillet, il est prescrit à la 8e U.S. Air Force de « procéder le 14 juillet à une opération massive de parachutage de jour, baptisée « Cadillac ». 349 appareils de la 3e Air Division de la 8e U.S. Air Force effectueront cette mission ».
Le 14 juillet 1944 à 5 h 30, branle-bas de combat au P.C. de l'armée Secrète de Corrèze. Sur le terrain « Digger » (Moustoulat, Ouest-Sud-Ouest d'Argentat), un agent de liason, annonce que le message attendu est passé la veille au soir : « Les taxis arriveront à 9 heures ».
Témoignage du commandant René Jugie :
Témoignage du commandant René Jugie :
A 8 heures, le groupe chargé du parachutage prend l'écoute tandis que la compagnie de commandement entourant le terrain, préparatait les feux de position destinés à guider les avions et à faciliter le repérage du circuit de largage.
A peine le travail était-il terminé qu'un grondement sourd emplit le ciel. Chacun tendant l'oreille cherche à l'identifier. Soudain jaillit de cent poitrines, une exclamation pleine d'enthousiasme « Les voilà ! Les voilà ! Ce sont eux ! » Etincelants dans un ciel bleu azur, baigné de lumière, les « Mustangs » et les « Thunderbolts » se livrent au-dessus de nos têtes à un véritable carrousel. On se serait cru à un grand meeting d'avant-guerre.
A peine le travail était-il terminé qu'un grondement sourd emplit le ciel. Chacun tendant l'oreille cherche à l'identifier. Soudain jaillit de cent poitrines, une exclamation pleine d'enthousiasme « Les voilà ! Les voilà ! Ce sont eux ! » Etincelants dans un ciel bleu azur, baigné de lumière, les « Mustangs » et les « Thunderbolts » se livrent au-dessus de nos têtes à un véritable carrousel. On se serait cru à un grand meeting d'avant-guerre.
Les yeux rivés vers le ciel, assourdis par le fracas des moteurs, nous décomptâmes à quelques 177 bombardiers B17 qui se livrent autour du terrain à une ronde intrépide. Les « zings » continuent durant un temps à tournoyer en rond au-dessus de nos têtes à quelque mille mètres d'altitude. Le spectacle est impressionnant.
Soudain, 12 appareils (du 100e BG) se détachent de la formation et après un virage, abordaient le terrain à 100 mètres d'altitude lâchant 144 containers qui se balancent au-dessous des parachutages. Les containers ont à peine touché le sol que la deuxième vague largue sa marchandise avec des parachutes bleus, blancs, rouges. La dernière escadrille, à son retour, revient prendre le terrain en travers et lâche son chargement. C'est finalement 419 containers qui sont largués sur « Digger ».
L'équipage du Gold Brick le 14 juillet 1944 |
« Il y avait des douzaines de personnes attendant, acclamant, agitant les mains, grimpant avec leurs charrettes pour ramasser les containers. Je voyais les gens en bas bouger et sauter en l'air. On pouvait même les entendre ! J'ai senti un frisson parcourir ma colonne vertébrale.
C'était formidable de savoir que tous ces gens en bas n'étaient pas nos ennemis !
Je me souviendrai toujours de cette journée ! C'est la plus belle mission que j'ai jamais faite. »
Louis Quijada était membre du même 100e Bomb Group. « Il y avait 36 avions dans notre formation, 3 groupes de 12. Et la « Terrible Termite » était en tête du groupe le plus bas. Volant à une altitude de 12 000 pieds, nous avons commencé à descendre en entrant dans le département. Quand nous avons été au-dessus du terrain, nous raisons la cime des arbres à 500, 1000 ou 1500 pieds d'altitude. Essayez d'imaginer ce que ça a pu être pour les paysans et les villageois qui ne s'attendaient pas du tout à notre passage d'entendre le bruit de 144 engins et de nous voir foncer au-dessus de leurs têtes ! Ils ont dû être effrayés. Mais pas les maquisards. Ils agitaient leurs armes dans tous les sens et nous acclamaient à pleins poumons, spécialement quand le précieux ravitaillement sortit de nos casiers à bombes et se mit à flotter sous les parachutes ! Pour ajouter à l'excitation des Français, les parachutes avaient été faits de soie bleue, blanche et rouge, les couleurs du drapeau français ! Bien sûr, on peut dire que ce sont aussi les couleurs de notre drapeau, mais nous étions le jour de la prise de la Bastille après tout. »
L'équipage du Terrible Termite (100th photo archives) |
Après ces largages, les B17 se regroupent dans un ordre parfait, font un tour d'honneur au-dessus du terrain à quelques centaines de mètres du sol, puis reprennent de l'altitude et disparaissent tandis que les chasseurs montent encore la garde pour bien s'assurer que les maquisards ont bien pris livraison des 46 tonnes de matériel puis ils se dirigent vers Bourges, lieu de rassemblement des appareils ayant participé à l'opération afin de regagner l'Angleterre en une seule formation. Le 17 juillet 1944 un message du C.O.P.A. (Centre d'Opérations de Parachutage et d'Atterrissage) de la Région 5 parvient à Londres, il indique : « Opération de jour très réussie. Elle se passa sans aucun problème. »
L'absence de toute réaction allemande à ce massif parachutage montre à quel point l'occupant était affaibli à cette époque et effrayé par l'empleur des actions des F.F.I. des Régions 5 et 6.
L'absence de toute réaction allemande à ce massif parachutage montre à quel point l'occupant était affaibli à cette époque et effrayé par l'empleur des actions des F.F.I. des Régions 5 et 6.
L'opération Cadillac fut un réel succès sur les 349 bombardiers escortés de 524 chasseurs P51 et P47 (chargés de la protection) qui y participèrent, 320 atteignirent leurs objectifs, 3 791 containers soit 417 tonnes d'armement et de matériel furent ainsi largués ce jour-là sur les sept objectifs désignés par le Haut commandement des Forces expéditionnaires alliées en Europe.
Ainsi grâce au parachutage « tricolore » l'armement des F.F.I. des Régions 5 et 6 fut achevé, il permit également de les maintenir dans une position aussi forte que possible, ceci afin de leur permettre d'appuyer efficacement en août 1944, le futur débarquement dans le sud de la France.
Sources :
- Témoignage du commandant René Jugie, fondateur du groupement G.A.O. repris dans le livre L'opération « Cadillac » de Gilles Levy.
- Le parachutage de Moustoulat de Pierre-Yves Roubert.
- Red, White and Blue Parachutes, A story about the Bloody Hundreth Bomb Group in World War Two de Louis Quijada.
- Témoignage du commandant René Jugie, fondateur du groupement G.A.O. repris dans le livre L'opération « Cadillac » de Gilles Levy.
- Le parachutage de Moustoulat de Pierre-Yves Roubert.
- Red, White and Blue Parachutes, A story about the Bloody Hundreth Bomb Group in World War Two de Louis Quijada.
Voici des photos faites lors de ma visite en juillet 2015 au musée
1/10e modèle d'un B-17 du 100e BG "Hang the expense" (Je me fiche pas mal de la dépense !)
Tableau de bord d'une forteresse volante |
La tour de contrôle |
Vue des pistes |
Une maquette de la base et les pistes |
Photo de 1944 |
Le café |
Le fameuse "nose art" de l'USAAF |
100th Bomb Group
Memorial Museum
Common Road, Dickleborough,
Diss, Norfolk IP21 4PH
Tél +44 (0)1379 740708
Site : www.100bgmus.org.uk
A lire également :
Opération Cadillac : 14 juillet 1944 : Témoignage d'Alberte et Marcel Grouille (lien)
Operation Cadillac 50th anniversary : 100th BG veterans return to the Corrèze - July 1994 (link)